[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]Les notes ci-dessous correspondent à un procès fictif dans lequel n’apparaissent que quelques acteurs. Elles permettent de résumer au mieux les étapes qui ont compté dans la vie du personnage principal.
COURT RECORD 1.
12 juin 2010
Audience préliminaire réalisée dans le cadre du procès du réseau SIGMA, à la suite de l’investigation lancée par the Homeland Security Investigations (HSI) en tant qu’Organized Crime and Drug Enforcement Task Force (OCDETF). Est entendu : Louis Morel, originaire de Belle Fleur, arrêté sur les charges suivantes : possession de narcotiques, complicité et trafic de stupéfiants en réseau, insulte à agent. L’audience est présidée par Mrs Theresa Neveu, juge de la Paroisse d’Acadie.
T.N. - Veuillez vous lever et décliner votre identité à la Cour.
L.M. - Louis Camille Maxwell Morel, né le 27 juillet 1987 à Belle Fleur.
T.N. - Merci, vous pouvez vous rasseoir. M. Morel, vous comparaissez devant cette cour pour possession de narcotiques, complicité et trafic de stupéfiant en réseau, ainsi que... insulte à agent lors de votre arrestation, si j’en crois votre maigre dossier. Cette audience est préliminaire, elle ne vise qu’à vous entendre. J’aimerais votre version des faits.
L.M. - Ma version des faits ?
T.N. - Pourquoi croyez-vous vous retrouver devant moi aujourd’hui ?
Le prévenu hésite. Un silence.
L.M. - Par amour, je crois. Par bêtise, aussi.
La juge rit brièvement.
T.N. - C’est le cas de beaucoup de gens. Mais nous sommes ici pour examiner les faits, et non les sentiments. Quand avez-vous pour la première fois touché au trafic de stupéfiants ?
L.M. - L’an dernier. Un peu par hasard.
T.N. - À ce moment, vous étiez encore étudiant ?
L.M. - J’étais interne en médecine à l’hôpital de Belle Fleur.
T.N. - C’est pour le moins étonnant. Pourquoi tout d’un coup abandonner vos études, alors que vous n’étiez qu’à deux ans de vous spécialiser ? Cette affaire mise à part, votre dossier ne comporte que deux ou trois délits mineurs qui remontent à votre adolescence. Un tel plongeon n’est pas banal.
L.M. - Ce n’est pas moi qui vais vous contredire.
T.N. - Si vous ne voulez pas collaborer avec cette Cour, vous savez comme moi qu’elle n’aura aucune clémence à votre égard. Je crois que vous ne mesurez pas bien la gravité des faits qui vous sont reprochés.
Le prévenu garde le silence.
T.N. - Je vais vous dire ce que je crois. Je crois que vous avez fait une rencontre malheureuse qui vous a mené à...
L.M. -
(à peine audible) Ce n’était pas une rencontre malheureuse.
T.N. - Je vous demande pardon ?
L.M. - Cette rencontre. C’est, paradoxalement, la plus belle chose qui me soit arrivée.
T.N. - Je vous conseille vivement d’expliciter vos propos. Cette personne est-elle membre du réseau SIGMA ? A-t-elle été arrêtée en même temps que vous le mois dernier ?
Le prévenu garde le silence.
T.N. - C’est dommage, vous me semblez être quelqu’un d’intelligent. Vous taire ne sauvera pas cette personne, et cela risque de vous condamner à un destin que vous ne méritez peut-être pas. L’audience est levée, veuillez ramener le prévenu en détention provisoire.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image] [Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
COURT RECORD 2.
14 juin 2010 [...]
T.N. - Je ne pense pas que cela nous mène très loin, mais il est d’usage de retracer le parcours judiciaire du prévenu. Vous avez été arrêté en 2003 pour tapage nocturne dans le quartier central de Belle Fleur. Avez-vous évolué à ce moment-là dans un contexte violent ?
L.M. - Non. J’étais avec quelques amis, on avait bu, les voisins se sont plaints. On m’avait retiré à une famille d’accueil un mois plus tôt, je crois que j’ai juste eu envie de m’amuser un peu sans penser aux conséquences.
T.N. - À quel âge avez-vous été placé en famille d’accueil ?
L.M. - Quatre ans. J’étais un peu trop vieux pour l’adoption.
T.N. - Votre garde a été retirée à vos parents biologiques ?
L.M. - À ma mère seulement, mon père ne m’a pas reconnu à la naissance. Je ne l’ai jamais revue. Elle...
(rire discret), elle se droguait.
T.N. - Combien de familles avez-vous connu ?
L.M. - Honnêtement, je ne m’en souviens plus. Huit, peut-être plus.
T.N. - Comment qualifieriez-vous cette période de votre vie ?
L.M. - Paradoxale. Je me suis parfois senti très à l’aise dans certaines familles. D’autres étaient plus distantes. Mais je ne suis jamais resté assez longtemps pour vraiment m’attacher, sauf à ce moment-là, je devais avoir seize ans et la famille dans laquelle je vivais a dû accueillir un autre enfant. Pour être honnête, j’ai eu du mal à l’encaisser.
T.N. - D’où ce délit mineur.
L.M. - C’est ça.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
COURT RECORD 3.
21 juin 2010[...]
T.N. - Nous avons dû faire reporter la date de la dernière séance de ce procès. Savez-vous pourquoi ?
L.M. - Je... Je crois l’avoir entendu.
La juge feuillète un épais dossier. En sort une photographie.
T.N. - Reconnaissez-vous cette jeune femme ?
L.M. - Oui.
T.N. - Pouvez-vous me donner son nom ?
Le prévenu garde le silence.
T.N. - M. Morel, je vous ai demandé son
nom.
L.M. - Alma Whitney.
T.N. - Cette jeune femme a été arrêtée il y a cinq jours, et nous avons toutes les raisons de penser que son implication au sein du réseau SIGMA a été bien plus importante que la vôtre. En fait, nous pensons qu’elle a même participé à sa création, et qu’elle connaît personnellement les leaders du réseau.
Le prévenu garde le silence.
T.N. - Où avez-vous connu Miss Whitney ?
L.M. - Je l’ai soignée il y a un an.
T.N. - J’ai ici un compte-rendu médical rédigé par vos soins, sous la supervision du docteur résident John Taylor, qui date du 4 octobre 2009. J’ai également les témoignages de M. Taylor et de Miss Whitney. Tous deux suggèrent que vous avez commencé une liaison avec Miss Whitney.
L.M. - Ce que j’ai fait n’a rien à voir avec elle. Elle voulait s’en sortir, elle n’a plus rien à se reprocher !
T.N. -
«Louis n’a participé à aucune opération majeure menée par SIGMA. Il n’était tenu au courant de rien et ne s’est trouvé là que parce qu’il essayait de me protéger. Je ne l’ai pas écouté. Il vous dira le contraire. Ce qu’il vous dira sera faux et ne visera qu’à me disculper entièrement.», a déclaré Miss Whitney pas plus tard qu’hier.
«Louis est un garçon intelligent, mais à partir du moment où il s’est entichée de cette camée, il a commencé à faire n’importe quoi et à ne plus se rendre à l’hôpital.», M. Taylor, il y a dix jours.
L.M. - Elle est malade. Elle n’est pas
consciente de ce qu’elle a fait, de ce qu’elle dit, vous comprenez ?
T.N. - Si vous me disiez un peu la vérité, pour changer, M. Morel, nous pourrions peut-être appréhender les tireurs de ficelle de cette affaire et déterminer la peine que vous méritez.
L.M. - Donnez-moi la peine qui vous semblera juste, mais laissez-lui au moins une chance.
Une chance ! T.N. - Elle a déjà eu une chance. Pour la dernière fois, quelle a été votre implication au sein du réseau SIGMA ?
L.M. - Minime. Mais réelle.
T.N. - Très bien, puisque vous ne voulez pas m'en dire plus, la séance est levée. Emmenez le prévenu.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
COURT RECORD 4. SENTENCING HEARING.
23 juillet 2010 [...]
T.N. - M. Louis Camille Maxwell Morel, la Cour vous a reconnu
coupable des chefs d’accusation suivants : complicité et aide au trafic de stupéfiants en réseau et insulte à agent lors de votre arrestation. La Cour a pris en compte les témoignages en votre faveur et votre passé non violent. En conséquence de quoi
je recommande que vous passiez les trois prochaines années au pénitencier d’État de Louisiane, assorties d’une période de probation de deux ans supplémentaires. Votre peine pourra faire état d’une remise en cas de conduite exemplaire. Elle prend effet immédiatement. N.B : Le lendemain, Alma Whitney fut condamnée à 12 ans de réclusion pour son implication au sein du réseau SIGMA. Elle était enceinte de deux mois lors de sa condamnation.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
COURT RECORD 5.
15 janvier 2011[...]
T.N. - M. Morel, vous comparaissez aujourd’hui dans le cadre de l’enquête sur l’incident dont vous avez été victime il y a quelques semaines au Pénitencier d’État de Louisiane. Reconnaissez-vous votre agresseur ?
L.M. - Oui, madame.
T.N. - Est-il correct qu’il vous a poignardé dans l’enceinte des espaces communs du pénitencier le 6 janvier suite à une altercation survenue la veille ?
L.M. - Oui, madame.
T.N. - Reconnaissez-vous vous être violemment battu à cette occasion ?
L.M. - Je le reconnais.
T.N. - Merci, M. Morel. Bien que vous ayez passé un mois à l’hôpital suite à vos blessures, vous avez également infligé à votre agresseur de sérieuses lésions. Je recommande donc que vous passiez au moins les deux prochains mois à l’isolement le plus complet et que vous soyez présenté à une commission disciplinaire qui statuera sur votre cas. Je vous suggère de vous reprendre, ou je n’aurai pas le moindre scrupule à allonger encore votre peine.
N.B : Un mois plus tard, le 16 février 2011, Alma Whitney accoucha d’une petite fille, Ava Camille Morel. L’enfant lui fut retiré quelques heures après sa naissance et fut placé en pouponnière. Alma Whitney fut immédiatement reconduite en cellule, où elle se suicida deux semaines plus tard.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image] [Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
ADULT PAROLE BOARD - examination of a possibility of parole
22 mars 2013[...]
T.N. - M. Morel, suite à votre bon comportement lors de ces derniers mois passés en détention, vous êtes éligible à une remise de peine. Cette commission a pour but d’évaluer vos motivations et votre capacité à vous réadapter à une vie civile. Pourquoi souhaitez-vous bénéficier d’une libération anticipée ?
L.M. - Pour pouvoir élever ma fille, née en détention et placée dès sa naissance. Sa mère était incarcérée et a ... elle a mis fin à ses jours en prison.
T.N. - Pensez-vous pouvoir subvenir financièrement aux besoins de cette enfant ?
L.M. - J’ai travaillé tant que j’ai pu en prison. Je travaillerai encore. Je reprendrai mes études de médecine, je...
T.N. - En d’autres termes, vous n’avez pas de support financier extérieur ?
L.M. - Je ne connais pas mes parents biologiques et Alma avait également perdu les siens. Ma fille est...
T.N. - Pas de soutien, donc.
L.M. - ... non, Madame.
T.N. - Très bien.
L.M. - Mais je
veux l’élever, je veux qu’elle ait toutes les chances dans la vie.
T.N. - Pour le moment, je doute que vous soyez en mesure de les lui offrir. Trouvez un travail à l’extérieur, M. Morel. Et nous reconsidérerons votre demande à ce moment-là.
N.B : La demande de Louis Morel fut rejetée et sa fille maintenue en famille d’accueil. Quelques mois plus tard, ayant trouvé un travail dans la ville de Belle Fleur, il fut libéré sur parole et retrouva Ava. Âgée de plus de deux ans, elle n’avait jamais vu son père.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image] [Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]