Au volant de son pick-up, Tim tente de calmer sa colère. Les mains crispées sur le volant, une cigarette au bord des lèvres, l'Italien n'a qu'une envie. Trouer un mur de son poing. Il jette son mégot par la fenêtre et inspire, puis expire profondément. Le visage de Giulia apparaît dans sa tête et le déconcentre. Il manque s'emplafonner dans un lampadaire et, dans un crissement de pneus, s'arrête sur le bord de la route. Il laisse aller son front contre le volant, ferme les yeux et tente de calmer l'emballement de son cœur. Les tremblements de ses mains s'apaisent et sa colère s'envole. Il se redresse, redémarre et se réinsère dans la circulation.

Une fois devant l'église, Ettore se gare, coupe le courant et descend de voiture. Sur le parvis du bâtiment, il hésite. Il n'a pas rendu visite à Dieu depuis longtemps et il ne s'est pas confessé depuis encore plus de temps. Le père Teagarden va-t-il le lui reprocher ? Le pasteur de Belle Fleur est un homme plutôt intolérant, d'après les clients d'Ettore...

Une fois à l'intérieur du bâtiment, l'Italien se signe à l'eau bénite puis pénètre dans l'abside. Il n'aime pas cet édifice. Les somptueuses églises italiennes lui manquent, avec leur austérité et leur majesté issues de la Renaissance. L'Italie lui manque, c'est ça le vrai fond du problème.

Alors qu'il va pour s'asseoir, il remarque un visage familier. Un sourire couvre son visage et il rejoint sa connaissance. Il s’assoit à côté de lui et dans un chuchotement, engage la conversation sans quitter l'autel des yeux. « Salut Andrew. Toi aussi tu viens chercher des réponses ? »

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« Honnêtement, c'est pas la joie » maugrée Ettore en réponse à son ami. Cependant, Andrew ne semble pas non plus dans son assiette. Un masque de tristesse couvre le visage du jeune homme et l'Italien croit même voire une larme perler au coin de son œil. Gêné par tant d'intimité, Tim détourne le regard mais pose sa main sur l'épaule de son ami, lui assurant sa compréhension et son oreille s'il a besoin de se confier. Un homme, un vrai, ça ne pleure pas, a-t-il entendu toute son enfance de la part de son père et malgré toute la haine que Tim éprouve envers cet homme désormais mort, bon sang ne saurait mentir. L'éducation reste et Tim sent dans sa chair qu'il est devenu exactement comme John Dauclert. Il est devenu un homme qu'il déteste et qu'il méprise.  

Ettore esquisse un petit sourire en entendant la confidence d'Andrew. Les femmes qui n'ont pas d'attirance réciproque, il commence à s'y connaître. Ça le prend aux tripes, dès qu'il croise Nadie dans les rues et que tout ce qu'il lit dans ses yeux, c'est de l'amitié polie. « Qu'est-ce qui va pas, buddy ? Tu veux en parler ? » demande-t-il avec un sourire affectueux.

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