« -Billie, tu peux donner à manger aux canards qui sont dans la mare. Ca tu peux le faire ?» demanda le gérant du ranch désespéré qui me tendait un panier avec des croutons de pain. J’ai alors levé les yeux au ciel et en prenant le panier en soupirant
« - Bien ! Bien ! J’y vais. J’en profiterai pour fumer comme ça ! » Cela faisait quelques jours que j’étais présente ici et le gérant n’arrivait à rien avec moi à part m’entendre râler ou crier. En même temps nettoyer les box des cheveux, tondre les moutons… Comment je faisais ça moi ? Et puis ce n’était pas mon rôle ! Je n’avais jamais choisi d’être fermière plus tard ! En plus ça empestait là-dedans ! Et puis je ne voulais pas que mes vêtements soient imprégnés des odeurs des animaux. En rentrant à New York, je serai bonne à refaire ma garde-robe sinon. Non, le gérant pouvait faire tout ce qu’il voulait, je ne ferai rien ici. Rien… Enfin à part nourrir les canards si je voulais manger ce soir moi-même. Et puis des fois à New York, à Central Park, je nourrissais les écureuils, ça ne devait pas être si différent… C’était mon seul expérience avec les animaux et accessoirement avec la nature. C’est pour dire que Belle Fleur me changeait énormément de ma vie habituelle.
Arrivée à la mare, j’ai allumé ma cigarette en jetant les croutons un peu partout dans la mare en me parlant à moi-même. Cette ville me rendait folle
« - Ce n’est pas possible… Je ne vais pas pouvoir vivre ici pendant des mois. Je vais péter un câble et me suicider en me noyant comme ce pauvre chaton ! Et personne ne sera là pour me sauver. Au moins mes paren….MERDE ! » Je venais de comprendre que ce n’était pas normal d’un chaton se suicide dans une mare. Ce n’était pas une tentative de suicide ! Non c’était un accident et je ne voulais pas être poursuivi pour Non assistance à une personne en danger. Belle Fleur est assez bizarre dans le genre « les animaux sont aussi importants que les humains ici ». Quoique, ça serait drôle de voir la tête de mes parents. Oui j’ai aussi réussi à aller en prison dans une petite ville. Vous voyez, m’envoyer à l’autre bout des Etats-Unis ne sert absolument à rien. Oui, c’est assez tendant. Sauf que c’était un chaton, et qu’il était vraiment trop mignon pour le laisser se noyer. Je me suis approchée de lui. Ce chaton était trop loin pour que je l’attrape… Il allait m’embêter jusqu’au bout ce petit. Je retirai mes bottes avant de rentrer dans l’eau pour récupérer le chaton
« - Beurk ! Beurk ! Beurk ! C’est tout gluant par terre. C’est dégueu ! J’espère que tu es encore vivant petit chaton sinon j’aurais fait tout ça pour rien ! » Au niveau du chaton, je l’ai pris dans les bras et je l’ai un peu secoué. Il miaulait légèrement. Cool, il n’était pas mort ! Bon maintenant il fallait que je l’emmène chez un vétérinaire… Hors de question de le ramener au ranch. Il y avait assez d’animaux à s’occuper comme ça ! On n’allait pas ouvrir un zoo non plus !
Je suis allée à l’entrée du ranch… Il n’y avait pas la voiture de Charlie. Il n’était donc pas là pour m’aider. Il n’était jamais là quand j’en avais besoin lui ! Le gérant n’allait jamais me passer sa voiture. Il me restait…. Le vélo… C’était une blague ? Je n’étais même pas sûre de savoir encore faire du vélo… J’avais passé le permis, ce n’était pas pour rien. Pourquoi diable mes parents n’ont pas pensé à m’acheter une voiture ici ? Bon…. Allez Billie, c’est la vie d’un chaton qui est en jeu… J’ai alors enveloppé la petite bestiole tremblotante dans ma veste à 2000 dollars en râlant pour la mettre dans le panier du vélo.
« - Cette ville me rend vraiment folle… » Et me voilà partie en pédalant sur mon vélo. C’était sûrement un des moments le plus humiliant de ma vie. Je regrettais Jack, notre chauffeur personnel à New York. Il n’était pas bien intelligent mais au moins il m’emmenait où bon me semble…. Après m’être perdue deux, trois fois, j’ai réussi à trouver le vétérinaire qui allait fermer dans cinq minutes… Il avait intérêt de m’accueillir. Je n’avais pas fait ça pour rien. Je suis rentrée brusquement dans le bâtiment avec le chaton en mode « Rafiki qui présentait Simba à tous les animaux de la savane » dans le Roi Lion. Oui je le portai aussi loin que je pouvais de moi. Je voulais bien être gentille mais ce chaton était sûrement bourré de microbes et de maladies. La secrétaire, sûrement, s’apprêtait à partir. Elle avait mis son manteau et n’était même plus derrière son bureau.
« - Je suis désolé Mademoiselle mais nous allons fermer. » Fermer ? Je ne crois pas non. Je venais de sauver un chaton, ils allaient finir le travail. Vous croyez que dans Grey’s Anatomy, Docteur Mamour refuse une urgence car il avait fini son travail ? Non ! Il reste. Pourquoi ? Parce qu’il est passionné par son boulot et accessoirement parce qu’il est plutôt bien payé aussi. Enfin bref, j’ai secoué la tête en fronçant les sourcils
« - Ca ne va pas être possible. JE suis là et ce bébé est souffrant ! Il a besoin de soin » Oui, je tenais toujours ce pauvre chaton comme si c’était la peste en personne. La secrétaire secoua la tête
« - Il est juste mouillé… Séchez-le et il ira très bien. » Non, mais elle se moquait de moi ? Et comment je le séchais ce pauvre chat ? Quand même pas avec mon sèche-cheveux ? Enfin bref, il n’était pas question que je repars avec cette boule de poil. J’ai alors un peu…. Même beaucoup haussé ma voix.
« - C’est une blague ? Déjà je suis à Belle Fleur contre mon insu ! J’ai sauvé ce chat en gâchant mon pantalon et ma veste à 2000 dollars. Je suis venue du ranch à ici en vélo. Tu t’en rends compte ?!? En vélo ? Je me suis perdue… J’ai croisé des gens vraiment chelous. Alors tu vas être mignonne. Tu vas attraper TON portable et appeler notre vétérinaire pour qu’il puisse finir les soins de ce chaton ! De toute manière je camperai ici jusqu’à avoir ce que je VEUX !» Et ce qu’un Wayne veut, un Wayne l’a. Et puis je lui mis le chaton devant ses yeux
« - Vas-y chaton ! Si tu veux m’aider et me remercier c’est le moment de faire tes yeux de chat Potté pour convaincre cette secrétaire sans coeur ! » (c) crackle bones