Un dimanche sur quatre, Eliott était de garde. Même si ça ne l'embêtait pas, il n'en était pas pour autant enchanté. Aujourd'hui était ce jour, il était donc obligé de rester disponible à tout moment, ce qui impliquait de ne rien prévoir de la journée. Quand cela arrivait, il se contentait de regarder un match de baseball qu'il avait loupé, ce qui était rare, ou se rendait au cabinet, prolongeant sa longue liste d'heures supplémentaires, ce qui ce passait le plus souvent. Mais pour une fois, Eliott était chez lui, concentré sur sa partie de jeux vidéo. En face de lui, sur la table basse, trônait un bouteille de bière. Ce qui était bien sur interdit mais il pouvait se permettre au moins ça. Alors qu'il en était au point crucial, la fin du niveau, le téléphone sonna. Il serra la mâchoire en essayant de rester zen, et mit le jeu sur pose avant de répondre. Une urgence. Les journées (ou même nuits) de permanence était rythmés généralement d'environ trois urgences. Et sur ses trois urgences, seulement un appelle en était réellement une. Cet homme au bout du fil devait surement penser que son cas était grave, étant tellement stressé, il ne lui avait même pas dit de quel animal il s'agissait, ni de quel problème. Ni une ni deux il prit ses papiers et se dirigeait vers l'adresse donné. Eliott n'avait pas besoin de GPS, bien qu'il n'ai pas toujours vécu à Belle Fleur, il connaissait cette ville comme sa poche. Arrivé sur le lieu, il se garât et se dirigea vers la porte d'entrée. Il s'arrêta un moment devant la demeure pour la contempler. Enfin, si on pouvait appeler se taudis demeure... Pourtant, Eliott était sur qu'une fois retapée, cette maison pouvait être incroyablement superbe, dans un cadre des plus sereins. Il se mit rêvasser, il serait incroyablement bien ici, loin de tout, de toute civilisation, il ne se préoccuperait plus de savoir si quelqu'un pouvait l'entendre lors de ses nuits agitées... Et soyons d'accord, nous ne parlons pas de partie de jambe en l'air. Une voix le fit sortir de ses pensées, il se dirigea vers cette homme d'un pas déterminé... Et manqua de tomber en se prenant les pieds dans une racine. Eliott n'était pas habitué à la campagne, il se promit d'y faire un tour plus souvent, afin que ça ne ce reproduise plus jamais. Il tenta de rester professionnel en tendant la main à cet homme, en employant les formules d'usages. "Bonjour, Mr Lloyd, vous m'avez appelé pour une urgence."  

L'homme en face de lui n'avait pas remarqué qu'il avait failli chuter, ou se garda de faire une réflexion. Il regardait la main d'Eliott comme si un dilemme se jouait en lui. "Oui oui moi c'est Charlie trêve de bavardage." pour finalement ne pas la serrer et le prendre par la manche. Eliott avait l'habitude que certains propriétaires d'animaux soient totalement déboussolés dans des situations délicates, mais si il ne lâchait pas bientôt cette putain de manche, il l'étranglerait avec. Il l’entraîna vers ce qui semblait être une ruche, mais aucun signe d'un animal mourant. "Regarde, elle est toute faible c'est horrible..." Eliott le dévisagea quelques secondes, ne comprenant rien. Croyait t-il qu'il sauvait les végétaux ? Il n'était pas fleuriste merde. Mais en regardant de plus près, il aperçu une petite abeille, recroquevillée sur elle même. Il le regarda de nouveau, un sourcil arqué, était-ce une mauvaise blague ? "Elle arrive à peine à bouger les ailes. Les ailes, c'est ce qu'il y a de plus important chez les abeilles. Nous les humains, si on est amputé, on s'adapte, on nous apporte soutiens et réconfort. Elles, à partir du moment où elles se sentent inutile, elles disparaissent. Curieux non ?" Eliott continuait à le regarder, fasciné par cet homme étrange, mais aussi irrité, ne sachant sur quel pied danser. Il était vrai qu'il avait l'air réellement inquiet pour cet insecte. "Tu t'imagine toi ? Ton chien qui ne peut plus te rapporter la balle et qui se laisse crever" Mon dieu n’arrêtait-il jamais de parler ? Il se mit à rire. Putain qu'est-ce qui tournait pas rond chez lui ? Eliott se mit à ce demander si Charlie n'était pas resté un peu trop longtemps tout seul dans sa cambrousse. Le vétérinaire inspira à fond et souffla, fatigué de ne tomber que sur des malades. Etait-ce son propre état qui les attiraient tous ? Il ferma sa valisette et passa sa main dans la hanse. "Ecoutez, je sais pas si c'est une blague, mais j'ai autre chose à faire que d'écouter quelqu'un se foutre de ma gueule. La prochaine fois appelez pour une vrai urgence, compris !? " Il commença à partir, décidé à reprendre cette partie de jeu vidéo.

Il était en train de rire. Non mais ça va pas bien ? Il riait ! Qu'est ce qui était aussi risible ? Une de ses ouvrières agonisante sur un pétale ? Son air désespéré ? Le fait qu'il avait réellement besoin de lui ? Son soupire lui glaça le sang. Charlie n'arrivait pas à croire qu'il se faisait abandonner alors qu'il était dans le besoin, ce type manquait cruellement de coeur. En plus il foutait carrément le camp. Fallait qu'il lâche son chien sur lui ou quoi ?

-C'est quoi ton métier en fait...

Il avait commencé à parler, d'une voix neutre, avec son timbre indifférent et sa voix grave.

-Je croyais que tu soignais les animaux. Mais t'en a rien à faire au final, tu préfères retourner à ton bureau pour te tourner les pouces ou poser un plâtre à un chat.

Il était calme, parce qu'il était toujours calme, mais intérieurement il bouillonnait. Son sang se transformait en lave et son coeur battait furieusement à mesure que la vie s'échappait de son corps et que l'âme de la petite bestiole s'envolait.

-Tu dois faire ça pour le fric, tu prescris deux trois produits anti-puce et ensuite tu rentres chez toi satisfait... Elle a beau être minuscule, un grain de sable dans un désert, pour moi elle est importante, ça devrait compter.