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Sujet: Re: #4,rue des Edelweiss - Et dans 150 ans on s'en souviendra pas ♣ Lou Mer 3 Juin - 23:38 | |
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— Allez, on est tout bon. T'es belle, t'es la plus belle mon coeur. Ava le regarda avec une pointe de mépris, sérieusement, elle en a déjà marre de son père ? Lou sentit l'appréhension l'envahir. Il était nul pour choisir les couleurs, et soudain l'assortiment - pourtant plutôt classique - de la robe à volants blanche, du gilet vert pâle et des babies immaculées lui parut douteux. Mais il était trop tard pour changer. Il emporta sa fille dans ses bras, laquelle tentait vainement de lui opposer une minuscule résistance d'enfant. "Nononononon" fut tout ce qu'elle parvint à miauler. Lou sourit, remit une mèche blonde derrière l'oreille d'Ava, sortit une barrette rose de ses poches - elles étaient remplies de barrettes et de chouchous en tous genres - et fixa la boucle récalcitrante. — On va chez Meredith. On va chez Mery voir Iris et Paul, parce que c'est leur anniversaire. Le mot magique fit son petit effet. "Mery, onvachéMery". Louis fit quelques pas pour se retrouver dans la cuisine exigüe et saisit le carton d'invitation. Il avait relu les trois lignes quelques dizaines de fois, mais il ne put s'empêcher de re-vérifier l'heure à laquelle ils étaient censés arriver. 4, rue des Edelweiss, à 16 heures. OK, il est 15h45, on est pile bien, on est pile bien, songea-t-il tandis qu'il boutonnait d'une seule main sa chemise assortie au gilet de sa fille - il n'avait même pas fait exprès. Il sentit sa progéniture s'impatienter, attrapa le doudou rapiécé au passage et claqua la porte de l'appartement miteux. Merde, les cadeaux. Il fit demi-tour en ignorant les protestations d'Ava et saisit le sac en papier qui contenait les précieux présents. Il avait mit dix plombes à choisir dans le magasin de jouets, et avait fini par se ruiner et repartir avec un jeu de petites voitures pour Paul et une poupée La Reine des Neiges pour Iris. Il avait pris la même pour Ava, ce qui avait déclenché un concert de miaulements surexcités une fois à la maison. Il espérait reproduire l'effet avec la fille de Mery. Sur le trajet dans la vieille Lincoln déglinguée, il repensa avec une sorte de nostalgie confuse à la journée qu'il avait passée avec Meredith et les enfants, quelques jours auparavant, ou étaient-ce quelques semaines ? Tout s'était bien passé, tout avait été comme une sorte de parenthèse idyllique hors du temps, si bien que quand il y repensait, c'était comme un souvenir extrêmement lointain qui lui apparaissait avec la beauté onirique d'un rêve.
Debout devant la porte de la petite maison, il mit quelques instants avant d'enfin poser son index sur la sonnette. En fait, ce fut sous l'impulsion d'Ava, qui, debout à ses côtés - et si petite en vérité, lorsqu'il couvait sur elle un regard bienveillant -, lui tira violemment le bras en s'arc-boutant en arrière pour signifier son prompt mécontentement. Style, qu'est-ce qu'on fout là ? J'ai personnellement une envie folle de m'amuser avec d'autres bambins, alors fais un effort, dad. Il fit l'effort. La porte s'ouvrit en grand et il esquissa un grand sourire de gamin en réponse à celui de la locataire. Il constata avec un certain désarroi qu'elle lui avait terriblement manqué. — Salut, Mery. Faisant passer Ava devant lui, il entra et attrapa de bonne grâce deux chapeaux en papier que lui tendait Meredith. Apparemment, ils étaient les premiers. En riant, il ajusta l'un d'eux sur la tête de sa fille, laquelle poussa un cri d'excitation en voyant le jardin aux couleurs d'un film Disney, lequel, Lou ne sait plus bien, pour lui (c'est un mec, ne l'oublions pas), c'est à chaque fois un peu la même chose, ces décors bariolés aux princesses en manque d'amour. La gamine se jeta vers iris et Paul, et Louis ne put s'empêcher de rire en voyant le déguisement du petit garçon. Il s'agenouilla devant eux et ébouriffa leurs têtes échevelées. — Bon anniversaire, les jumeaux ! Salut Paul, chouette déguisement. Salut Iris ! Très belle robe. Votre maman a vraiment bossé la décoration. Mais déjà il sentait que sa présence n'était plus requise au sein du monde des enfants ; Ava le poussait légèrement, il se releva, se retourna vers Mery, et... rougit d'un seul coup. Le dos de sa robe était complètement ouvert sur son soutien-gorge. — Attends, tu... tu permets ? Avec une maladresse terrible mais assez touchante, il caressa doucement l'épaule de Mery, laissa glisser ses mains jusqu'au bas de la fermeture de la jolie robe blanche. Et la remonta doucement. Il ne put empêcher le geste de paraître, l'espace de quelques instants, d'une sensualité désarmante.
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