Meredith s'affala dans le canapé éreintée par sa journée. A la pendule les aiguilles affichait 11h04 et elle poussa un soupir. En face d'elle une femme sans âge pris place, un boc note dans une main, un crayon dans l'autre. Avec le temps Mery avait appris à ne plus la considérer comme une ennemie mais ça avait été un combat de longue haleine.  « Alors Meredith, comment allez vous, aujourd'hui? »  La jeune femme bougea légèrement dans le canapé, mal à l'aise. Ça faisait quelques années maintenant qu'elle ne savait plus répondre à cette question sans mentir. Mais avec elle, c'était différent, il fallait tout lui dire, pas vrai? « Je fais aller. Avec les enfants et le boulot, j'ai du mal à tout conjuguer et j'ai... J'ai l'impression d'être une mauvaise mère. Je veux dire. Je sais bien qu'il y a des mères qui ont des enfants bien plus tôt que l'âge auquel j'ai eu les jumeaux mais... J'ai l'impression de pas m'en sortir et parfois je me dis que plus tard, quand ils seront grand ils m'en voudront et peut-être bien qu'ils me diront ces choses terribles que j'ai dite à la mienne. Et je... Je ne suis pas sûre que je pourrais le supporter. » La jeune maman se força à reprendre son souffle. Elle avait mis des mots sur ses inquiétudes. Et sans être vraiment libérateur ça la soulageait de pouvoir parler de ça à quelqu'un. Lorsqu'elle était en ville elle s'efforçait de sourire et de paraître assurée mais au fond la jeune fille rebelle et confiante qui était partie de la maison familiale en claquant la porte avait perdu sa verve un matin de février 2012 dans le cabinet du médecin qu'elle avait consulté pour de simples maux de ventre. « Vous paraissez fatiguée, c'est vrai. Mais vous n'êtes pas une mauvaise mère. » L'entendre avait quelque chose de rassurant. Meredith n'avait jamais cherché l'approbation de qui que ce soit, ou même les compliments mais elle avait définitivement besoin qu'on lui dise qu'elle n'allait pas dans la mauvaise direction. L'éducation avait toujours été quelque chose de très abstrait pour elle. Née dans une famille aisée de Memphis élevée plus par sa nounou que par sa mère elle avait effectivement toujours pensé faire mieux qu'elle lorsque ce serait son tour. A une époque elle disait même à qui voulait l'entendre qu'elle n'aurait jamais d'enfant. Et pourtant... A 27 ans elle se retrouvait avec deux têtes blonde à gérer sans père pour l'épauler. Autant dire qu'elle ne se faisait plus d'illusions sur sa vie sentimentale les hommes de son âge voulait plus s'amuser que fonder une famille, pour la plus grande partie, et ceux qui voulait fonder une famille n'avait pas spécialement envie de se trouver avec deux boulets dès le départ. « Vous ne m'avez jamais parlé du père des jumeaux. » Meredith grimaça. Pour être exacte elle n'en parlait jamais. Pas même aux deux principaux concernés. Peut-être parce qu'elle avait fui sans lui donner une seule explication ou parce qu'elle avait peur de ce que les autres pourrait dire. « Il n'y a pas grand chose à dire. Il était musicien quand je l'ai rencontré. Mais il me semble qu'il faisait des études. J'étais jeune, pas forcément amoureuse mais il m'attirait suffisamment pour me laisser tenter. On est resté ensemble un ou deux mois peut-être plus, je ne m'en souviens pas vraiment. Quand j'ai appris que j'étais enceinte je suis partie. Je ne voulais pas qu'il se sente coincé et je n'avais surtout pas envie qu'il m'en veuille alors j'ai préféré garder toute nos belles images et de commencer autre chose, ailleurs, ici. » Parfois Meredith repensait à ce qu'il auraient pu vivre mais elle chassait très vite ces pensées. Elle regarda l'heure à sa montre et fût étonnée de voir qu'il était presque midi. « Je suis désolée, je vais de voir y aller. J'ai dit à la nounou que je revenait pour Midi et quart. ». La psy hocha la tête pensivement et nota quelques mots sur son bloc note. « Nous parlerons donc de votre famille plus tard. Bonne journée, Meredith. » . Cachant une moue réprobatrice la jeune femme pris son sac et sortit de chez le médecin. Sa famille c'était les jumeaux. Le reste elle n'en parlait pas. De ce qu'elle savait ses parents étaient toujours en vie. Pour son frère et sa sœur rien n'était moins sûr mais ça faisait longtemps qu'elle ne s'en était pas soucié. Sa famille était un sujet tabou au même titre que père d'Iris et Paul et elle ne s'en portait pas plus mal.

Elle sortit du bâtiment qui abritait le cabinet et récupéra son vélo en pensant à ce qu'elle allait faire de son après-midi. La rue état déserte et elle se mit en route sans faire attention à la seule âme s'étant aventurée par là. Lui, en revanche, l'avait non seulement vu mais aussi reconnue.

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