A la table des débauches l’enfant se meurt des papiers déposés, des reliques de factures qu’elle manipule l’air boudeur à ses lèvres taquines, le regard flamboie à la fenêtre où verse des feuilles d’automne religieuses, sur le sol fertile du parc d’à côté et le beau garçon à ses agates fascinées. Les joues coquines se délient aux rêves mielleux sur le banc de la rue voisine, un journal pour cacher la surveillance elle aime ça jeune farouche ses jambes battant le bitume des chaussons troués. Elle ne lui a pas adressé un mot, pas une phrase jaillissant de ses lippes rosées lorsqu’elle se trouve devant le gredin des amours, là toujours devant elle en cours de latin, puis le français où s’ébat les portraits de ses yeux amandes ; elle connait les mimiques de ses expressions, ses colères secrètes, ses amis et les sentences fétiches qu’il porte à ses babines retroussées ; elle sait aussi les notes qui suivent nuées de papillons harmonieux, là en face de sa croisée alors qu’elle peigne sa chevelure de feu petite poupée.

A la table des débauches les rêves s’étalent gisant sur la poussière, les songes d’avenir de la juvénile fée, couronne d’épine à ses cheveux d’ébène terni par le départ de la reine jeunesse, la mère satinée de dentelle, droguée aux jeux, endettée de la tête à ses pieds vernis de riches étoffes volées ; elle s’ébat dans la misère sordide des ruelles pavées, l’égarée de l’appartement, virée d’un toit chaleureux sur la figure désuète. Elle a quitté le collège ; aujourd’hui devant les grillages clos de la bâtisse hirsute elle contemple l’avenir effacé de ses monotones songes toujours appuyée le dos rivé aux cloisons de la cage des apprentissages, maintenant matraqué par la pauvreté démente de ses jours essoufflé, elle ne quémande pas pourtant comme les chérubins sales du dénuement tendant la main à l’aumône des intransigeants. Elle vole, un peu. Elle galope, beaucoup. Elle a accepté les lois de cette dimension exténuée, violence cliquetant sur les stries labourées des routes où les bagnoles s’enfilent, s’ennuient dans les bouchons tandis que l’ombre de la gamine pourchasse les lumières écarlates ; courageuse nymphe la boue à ses joues creusées.

A la table des débauches les sommeils s’éteignent aux lueurs du crépuscule, la fillette toujours attachée à cette peluche immobile, amas de tissus rappés, effilé, des trous béants aux billes des breloques, mais cette peluche fétiche, cadeau du père absent toujours gardée près de l’enfant assoupie. Ils claquent les trois ogres, hommes des génocides, ces larbins au monstre couronné qui cueille les petites filles ; elle a vu, entendu les cris, elle a vu, transpiré les batailles de ces assoiffés pour les fleurs pleurant de leurs pétales massacrés. Le chérubin des chimères n’a le temps de se lever que des bras puissant, la masculinité au visage carré, triangulaire, la folie de l’envie à leur pupille dilatée ; ils l’emportent, l’embarque dans le continent infernal, là elle trouve le maître celui de ses cauchemars ; le démon relevant les sanglots de l’apeurée, le diable que la guide vers le purgatoire de sa survie, chambre nimbée d’argent machiavélique.

Quand t'écris on dirais de la poésie
Bon jeu parmi nous

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