12 NOVEMBRE 1987, NEW YORK CITY
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«
Je vais craquer. » je soupire, les pleurs d'Angie ne se calment pas et ça fait plus de trois mois que ça dure maintenant. J'avais entendu parler de traversée du désert après un enfant, mais je crois que je n'étais pas prêt pour ça. Emily non plus d'ailleurs. Devenir père à seulement 22 ans c'est vraiment pas facile, mais j'aime ma fille, ma femme et ma vie. «
Tu m'a parlé chéri ? » je la vois apparaître dans l'encadrement de la porte, la petite dans les bras, je lève les yeux vers elle et secoue la tête de droite à gauche pour finir par m'enfoncer dans l'eau de la baignoire.
Angelica a vue le jour le 6 août 1987 à l'hôpital Cedar Sinai de New-Yok, elle n'était pas désirée, on peut dire qu'elle aura été ma plus belle erreur ainsi que ma plus belle réussite, c'est une magnifique petite fille, elle n'a rien de moi, elle ressemble à sa mère. Oui, je sais ce n'est qu'un bébé, mais je ne vois rien de moi dans ce petit être tout rose.
Elle a un torchon sur l'épaule et un biberon en verre dans la main, moi j'ai autour de mes hanches une serviette où sont brodées mes initiales. Elle a les siennes, c'est un cadeau de mariage. Oui, parce que nous sommes mariés. Emily est mon premier amour, nous nous sommes connus au lycée, puis elle est tombée enceinte, alors nous nous sommes mariés. Je sais que dit comme ça, ça paraît pas jouasse, mais je l'aime, c'est ma femme. Nous sommes certes allés trop vite, mais c'est ainsi et pour rien au monde –
le moi de 1987 qui parle hein – je ne retournerais en arrière. Je suis bien né, j'ai grandis dans un hôtel particulier non loin de central park et je n'ai manqué de rien, j'ai également reçu une excellente éducation et je me rendais souvent en Europe pour les vacances d'été. Pendant que je réfléchis elle m'interrompt. «
Alors ? » elle me demande, j'écarquille les yeux, j'ai rien écouté de ce qu'elle m'a dit, ma journée de travail a eut raison de moi. Elle me sourit tendrement avant de déposer le torchon sur le plan de travail. «
Mes parents viendront dîner ce week-end, ils veulent visiter l'appartement. » j'ai envie de dire ''
Et alors ?'' mais je me retiens, je me contente juste de plisser les yeux en passant ma main dans mes cheveux. «
Nous sommes invités dans les Hamptons ce week-end Em'. » je défait ma serviette, la passe sur mon épaule et m'en vais enfiler un boxer que je trouve dans la chambre puis reviens vers elle. «
D'accord, he bien tant pis. » je suis sur le cul, ''
comment ça tant pis ?'' je l'aime, pour son caractère, sa force et aussi pour sa gentillesse, mais ce que je peux la détester quand elle fait la têtue. «
Non, non pas tant pis du tout, c'est pour les affaires je dois... » mais elle me coupe la parole en tapant du poing sur la table. «
C'est prévu depuis plus de deux semaines Rafe ! » j'acquièce en haussant les sourcils. «
Si tu veux dépenser mon argent il faut que je travaille et pour travailler il faut que j'ai des investisseurs et pour... » en chœurs elle me dit «
Pour avoir des investisseurs il faut que tu te rendes à ces soirées, je sais ! »
C'est pas négligeable d'être un homme d'affaires, je remercie mon père de m'avoir aidé à grimper jusque-là parce que sans lui je serais encore serveur dans un fast-food.
28 JUIN 1993, NEW YORK CITY
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«
Félicitations Monsieur Pacino, c'est une petite fille. » je m'en souviendrais toujours, le plaisir de porter ce petit être dans ses bras, de le serrer contre sois. Je me souviendrais aussi du comportement d'Angie à l'égard de sa petite sœur, nous avions peur qu'elle soit jalouse, mais pas du tout, elle se montrait plus que protectrice envers elle, quand Cris faisait un somme elle nous interdisait de faire le moindre bruit et voulait toujours lui donner le biberon, c'était sa petite poupée. J'ai réussit à me libérer, je suis resté à la maison quelques semaines pour profiter de ma famille et j'ai adoré ça. Contrairement à Angie, j'ai été plus disponible pour Cristina, je n'ai pas dû rater un seul de ses spectacle d'école, c'est assez étrange d'expliquer ce sentiment, mis entre Cris et moi, le courant est toujours bien passé, peut-être parce qu'elle me ressemble, pas physiquement, pas beaucoup, pas selon moi. Mais je me souviens que pour l'endormir je lui jouais de la guitare quand j'en avais l'occasion, je l'ai même initiée au piano alors qu'elle n'avais pas 5 ans. J'ai peut-être simplement voulu me rattraper avec Elle parce que je n'avais pas pu être aussi présent pour Angie et que je ne voulais pas passer à côté de ça une deuxième fois.
21 JANVIER 2005, BELLE FLEUR
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«
Alors l'école, comment ça s'est passé ? » je nous sert chacun un peu de haricots vers, des petits pois et du rôtis. Angelica semble absorbée par son tout nouveau téléphone portable que mes parents ont eut la brillante idée de lui offrir, je n'étais pas d'accord, Emily elle, n'y voyait aucun mal. Sous prétexte que nous quittons New-York pour une petite ville de banlieue mademoiselle à droit à un téléphone. Maintenant je paye des fortunes pour que mademoiselle puisse envoyer des messages textes facturés à la lettre près et ça me rend dingue, d'autant plus qu'elle s'en sert à table. «
Cristina, ton exposé de biologie, c'était comment ? » je la vois, elle baisse les yeux sur son assiette et pousse les petits pois à l'extérieur de cette dernière, je me racle la gorge et jette un regard à sa mère qui, pour me répondre, hausse les épaules. «
Ne me dit pas que tu as eu une mauvaise note, je t'ai aidé ! » je commence à manger tranquillement en balayant le tour de la table d'un simple coup d'oeil. «
C'est vrai que ça change tout ! » je lève les yeux vers Emily, réclamant du soutient non pas du sarcasme. Nous avons beau nous être éloignés de New-York, je travaille toujours et mes voyages d'affaires restent nombreux, je dois rester en tout et pour tout, une semaine et demi par mois au près de ma famille, c'est pour dire. «
Chérie, on avait tout préparé ensemble qu'est-ce qui s'est passé ? » c'est pourquoi j'insiste, je m'en veux assez comme ça d'avoir négligé ma famille et l'éducation d'Angie. «
Angie a un amoureux ! » me lance t-elle comme pour se défendre, la maline, elle a réussit. «
Cristina ! » crie Emily alors qu'Angie lui grogne dessus : «
Tais-toi sale petite peste ! » et moi je n'en reviens pas. «
Quoi ?! » je regarde à droite puis à gauche «
Rafe, s'il te plaît... C'est vrai ma chérie ? » se réjouit alors Emily en lui caressant la main, lui souriant tendrement. «
Non ! Non ! » je proteste en pointant ma fourchette vers mon épouse. «
C'est quoi cette histoire ? » j'interroge, mais personne ne semble enclin à me répondre. «
Rafe, chéri, l'exposé de bio ! » me dit Em' en me balayant d'un geste de main. «
Non, ça attendra, comment ça t'as un petit ami ? » je lui crache «
Tu le quittes et tout de suite, tu es trop jeune ! » je dis en tapant du poing sur la table. «
Mais papa ! » couine t-elle en lançant un regard à sa mère, elle demande de l'aide, je suis en minorité, il n'y a que Cristina qui est de mon côté dans cette maison. J'ai l'impression d'être seul dans le Jurassic Park, face au Vélociraptors, ces créatures intelligentes qui n'agissent qu'en meute.
Saloperies ouais. «
Il est hors de question que tu aies un petit ami, c'est tout ! » je balanc ma fourchette sur la table, quelque peu agacé. «
Rafael, s'il te plaît ! » elle hausse le ton et fronce les sourcils alors que je jette un regard de désespoir à ma plus jeune fille et seule alliée. «
Qui est-ce ? » demande Emily à Angelica d'une voix douce. «
On s'en fout, tu ne le reverras jamais, d'ailleurs. » Je me lève, lui arrache son téléphone des mains et va le ranger. «
Plus de ligne téléphonique personnelle et privée de sortie ! » Après un repas dans le silence le plus total et l'atmosphère la plus pourrie qui puisse exister les filles montent se coucher, Angie sanglote et Cristina essaye de se faire oublier, parce qu'elle sait que sa mère et son aînée vont lui tomber dessus.
Mais avant ça, c'est Emily qui allait me tomber dessus. «
C'est quoi ton problème ? » elle me demande en posant bruyamment les assiettes sur le comptoir de la cuisine. «
Elle n'a que 17 ans. » je répond froidement en chargeant le lave-vaisselle. «
Et alors ? » elle surenchérit en ajoutant près de la porcelaine les verres. «
Alors, elle étudie, va à l'université, après elle pourra faire ce qu'elle veut, mais là, là pour l'instant elle est chez MOI et JE décide de ce qu'elle peut ou ne peut pas faire. » je me redresse pour attraper les verres et les charger eux aussi dans la machine «
Et t'avises plus de défier mon autorité devant les enfants Emily. » je le mets en garde, on entend dans ma voix que je suis tendu, cette conversation toute entière l'est. «
Défier... Non mais ça va pas bien toi, t'es malade ! » elle s'exclame en croisant les bras. «
Non, je suis un père, un père qui, à à peine 20 ans, s'occupait déjà de changer les couches de son adolescente de fille. » l'expérience, personne ne pourra jamais rien contre ça. «
Arrête, elle n'est pas nous. » je lève les yeux au ciel et lui adresse un regard mauvais. «
On l'a eut trop jeune et regarde ce que ça donne, elle est trop gâtée, parfois je me demande si tu es sa mère ou bien sa copine ! » je prend le reste de la vaisselle et met la machine en route. «
Tu sais quoi, on dirait ton père, tu te comporte comme un vieux con ! » elle reste plantée là à me râler dessus et ça m'énerve. «
Répètes, qu'est-ce que t'as dis répètes ! » je m'approche d'elle dangereusement «
Tu sais quoi Emily, j'en ai marre de passer pour le bourreau ! » elle soupire et fait claquer ses paumes contre ses cuisses. «
Alors arrêtes de te comporter comme un connard, on n'est plus au moyen âge, les adolescents ils sortent de nos jours, ils s'amusent et ils se droguent même ! » je craque alors : «
Quoi ?! » je lève les yeux vers l'escalier, serait-elle en train de me dire que notre petite Angie pratique le sexe et prend de la drogue ? Mais avant que je ne reparte en vrilles elle me coupe. «
Non, pas notre fille, Angie est équilibrée, elle a de bonnes notes, alors pourquoi tu te comportes comme ça avec elle ? » je secoue la tête, je soupire moi aussi. «
J'ai raté la moitié de son éducation, je... Je ne suis jamais là et les seuls moments qu'on peut passer en famille je ne la vois pas, je ne connais pas ma fille ! » elle prend mon visage entre ses mains et tente de m calmer avec ces mots : «
Il n'y a pas que ça que tu risque de rater si tu ne fais pas d'efforts. » je crois qu'elle veut que je m'adoucisse mais c'est plus fort que moi. «
Maintenant je ne veux plus qu'on en parle, elle ne reverra jamais ce garçon, le sujet est clos. » je retire sèchement ses mains de sur mon visage et m'en vais m'allumer un cigare.
MARS 2015, BELLE FLEUR
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«
Cristina ne mange pas là ce soir ? » je demande en arquant un sourcils. «
Il n'y a que deux assiettes sur la table, n'est-ce pas ? » je ne lui réponds pas, je me contente de l toiser sévèrement. «
Alors, soit elle mange dans la gamelle du chien que nous n'avons ps, soit elle sort avec ses amies ce soir. » je me lève en inspirant profondément, repoussant mon assiette au passage. «
Tu me casse les couilles. » je lui crache en m'essuyant la bouche, quittant la table. «
Quoi, mais quoi Rafe ? Tu me pose une question idiote, je te réponds. » je vais chercher mon briquet et mon paquet de cigarettes. «
Je sors. » je l'entends soupirer. « Encore ? » elle pose sa fourchette dans son assiette «
Tu passes de moins en moins de temps avec moi, dès que tu peux tu me laisses toute seule à la maison. » elle bougonne mais ça ne m'arrête pas. «
J'ai besoin de prendre l'air. » «
Non ! » elle se lève, elle à crié si fort que j'ai sursauté, je me suis même arrêté dans mon action. Mais elle a raison, ces derniers temps je fuis un peu la maison, si Cris n'y est pas je ne m'y attarde pas. Je me suis englué dans mon quotidien et ma femme me tape sur les nerfs.