J’étais tout sauf à l’aise vu le sujet de conversation que j’avais avec Nina. J’en venais à me demander pourquoi j’avais parlé à ma meilleure amie du baiser que Will et moi avions échangé. Peut-être parce que justement c’était ma meilleure amie et que je ne pouvais pas garder cela pour moi toute seule. Mais franchement, vu comment avait tourné la conversation, j’en venais à me dire que jamais, jamais je n’aurais dû embrasser Will. Mais le problème, c’était que j’avais apprécié et que je ne rêvais que d’une chose: recommencer. Ma vie était en train de prendre un tour agréable et effrayant à la fois et je ne pouvais pas la contrôler. C’était certainement cela qui me terrifiait le plus que réellement le fait que Will me plaisait. Ce dernier point allait être facile à oublier une fois qu’il serait reparti à Chicago… Mais je ne savais pas si j’avais réellement envie qu’il reparte là-bas même s’il y avait toute sa vie. Je tournais les yeux vers Nina quand elle me demanda de bien réfléchir à ce que je faisais, elle ne voulait pas que je me brime du bonheur à cause de mon passé. Je ne pensais pas que mon passé pouvait encore avoir une influence sur ce que je pouvais faire sauf que ce que je vivais avec Will était l’exacte démonstration du contraire. Je soupirais en glissant ma tête entre mes genoux.

« Je suis mal, très mal… »

Je ne pus retenir un sourire quand Nina rebondit sur le fait que je lui avais dit qu’elle était mal placée pour parler. Au moins, elle le prenait bien, heureusement. Je l’avais dit juste pour qu’elle se rende compte de l’étrangeté de la situation que pour réellement la mettre mal à l’aise. Je redressais la tête pour fixer Nina le temps qu’elle me parle de son ex-mari. J’avais du mal à croire que l’on pouvait tromper une femme comme Nina, c’était inimaginable pour moi. J’étais persuadé que James n’avait pas pu tromper Nina même si je ne le connaissais pas. Et je savais que Nina aimait toujours le jeune homme, cela se voyait quand elle parlait de lui. Je bus une petite gorgée de mon verre de vin avant de prendre la parole.

« Je suis sûr que James ne t’a pas trompé. Parce que si j’avais été en couple avec toi, je n’aurais jamais pu faire ça. Et après, il a peut-être peur de te retrouver. T’es pas du genre facile-facile quand t’es en colère ma Ninouche. »

Je savais pas pourquoi mais je sentais que j’allais prendre un coup de coussin en pleine tête malgré le grand sourire que mon visage arborait maintenant.
   

Je n’arrivais pas à croire qu’un homme pouvait m’atteindre si facilement, moi qui me vantais d’avoir érigé une carapace entre le monde extérieur et mon cœur. Je ne voulais pas souffrir à nouveau et je savais que les hommes n’étaient bons qu’à cela: faire souffrir la femme. Et je savais qu’en ouvrant mon cœur à Will j’allais à nouveau souffrir. Le jeune homme n’était que de passage en ville et qu’il allait repartir chez lui. Cela pouvait être dans deux semaines comme cela pouvait être dans plusieurs mois. Mais quoi que je fasse, il allait repartir. Tout dans cette ville lui rappelait son frère jumeau et puis, sa vie était à Chicago. Il y avait toute sa famille alors que je n’étais rien pour lui. Je finis par glisser ma tête entre mes genoux avant que Nina ne pose sa main sur mon épaule. Elle me parla de son e, une personne dont j’ignorais l’existence jusqu’à maintenant. J’avais toujours pensé que James était son premier amour. Finalement, Nina et moi n’étions pas si différentes que ça. Nous avions toutes les deux eu une première histoire qui s’était mal terminé. Mais où Nina était plus forte que moi, c’est qu’elle avait réussi à ouvrir à nouveau son cœur à un homme. Mais vu comment cela c’était terminé, je me demandais si c’était un si bon exemple que cela. Bon, elle c’était mariée mais elle c’était séparée de James… Je ne voulais pas subir la même chose.

« Je vais voir… »

Je m’étais empressée de changer de conversation pour passer sur la vie de Nina. J’étais bien plus à l’aise quand on parlait de la vie des autres que de la mienne. Nous avions parlé de James et je n’arrivais pas à me dire que Nina m’avait caché qu’elle avait eu quelqu’un avant lui. Mais en même temps, je pouvais comprendre qu’elle m’avait caché cela si c’était encore douloureux. Alors je ne lui en voulais pas. En tout cas, je ne pus qu’éclater de rire quand ma meilleure amie m’envoya un coussin en pleine tête. Je récupérais celui qu’elle avait utilisé pour me taper avant de le lui renvoyer. Je répondis à son large sourire par un autre sourire. Elle avait raison, j’étais moi et je n’étais pas James. En tout cas, j’étais contente que la jeune femme soit venue refaire sa vie à Belle Fleur parce que, sans ça, nous ne nous serions jamais rencontré. Prenant une dernière fourchette de ma boite de chinois que je venais de finir, je sortis du sac des petits gâteaux chinois. Vous savez, ceux-là même qui possédaient une petite phrase à l’intérieur.

« Allez, à toi l’honneur Ninouche. »
   

Nina n’avait peut-être pas tort. J’avais envie d’aimer à nouveau mais j’avais peur de le faire… Non, je ne suis pas paradoxale… Quoi que, peut-être un peu. En tout cas, je ne savais pas quoi faire car je sentais que je ressentais plus qu’une simple attirance physique pour le jeune homme. Et j’avais beau savoir que tous les hommes n’étaient pas du même bois que mon ex, j’avais quand même peur de souffrir à nouveau. Quand ma meilleure amie reprit la parole, je ne pus que lever les yeux au ciel en souriant. J’avais oublié à quel point elle pouvait être têtue. Je tiquais quand elle me demanda depuis quand je n’avais pas ressenti ça pour quelqu’un. A vrai dire, je ne savais pas de quoi elle parlait mais je savais une chose: je n’avais pas ressenti cela depuis mon ex. Ressenti quoi? Mon cœur le savait mais mon esprit refusait de se l’avouer. Alors je préférais oublier ce qu’elle avait dit. Je finis donc ma boite de chinois avant de prendre les gâteaux chinois pour en donner un à Nina. Je compris vite que le message à l’intérieur ne lui plaisait pas et qu’elle contenait ses larmes. Je fis une légère grimace en me demandant si j’avais bien fait de lui proposer un gâteau dans ce genre. Elle termina d’ailleurs son verre de vin à cause de cela avant de me proposer un gâteau. J’avais soudain peur de la phrase que pourrait me donner le gâteau. Mais je n’étais pas le genre de femme à me laisser marcher sur les pieds par la peur alors je bombais le torse avant de mettre la main dans le sachet des gâteaux pour en prendre un. Je coupais le gâteau en deux pour récupérer le petit bout de papier avant d’avaler le gâteau. Je crus que j’allais d’ailleurs m’étouffer en voyant la phrase qui se trouvait dessus. C’était bien ce que je vivais en ce moment… Je n’aimais pas trop ces gâteaux d’un coup. Je secouais la tête avant de lire moi-même la phrase à haute voix.

« Refuser d’aimer par peur de souffrir, c’est comme refuser de vivre par peur de mourir… »

Je bus mon verre de vin d’une traite avant de me tourner vers Nina pour poser ma tête sur son épaule.

« Ce jeu est pourrie, tu trouves pas? »