Eliott, 11 ans.
Souvent, ce petit garçon aux cheveux blonds se demandait si dans le monde, la justice existait. Non pas qu'il ne croyait plus au bonheur, mais il se disait qu'il avait le don d'attiré les ennuis, et il en avait franchement marre. La maison qu'il fixait depuis maintenant six minutes était celle de son oncle Willy. Il se demandait aussi si cette baleine l'était réellement, son oncle, il ne le connaissait pas plus que ça. Il ne le connaissait pas et pourtant, il savait que le coquard qu'il ramenait allait lui attirer ses foudres. Oh non il ne le battait pas ! Il aurait préféré... Non, les punissions que ce gros lourdaud lui infligeait le blessait encore plus que des coups, et les séquelles dureraient toute la vie contrairement à des bleus. Ce coquard allait être la raison que trouverait ce soir oncle Willy pour mettre ses doigts boudinés sur le corps du jeune homme. Il n'avait pas pu se défendre contre ces trois élèves. Il faut dire qu'Eliott n'était pas gâté en ce temps là. Il était aussi gros qu'un cure dent et avait des bras aussi mous qu'un chewing-gum. Il prit son courage à deux mains et marcha en direction de la porte d'entrée complètement délabrée. Cette maison n'était pas un palace. Elle était extrêmement petite, l’extérieur était démoli, complètement défraîchie, comme si personne n'habitait à l'intérieur. Intérieur qui n'inspirait pas plus confiance, elle ne contenait que trois pièces minuscules, sales et sombres. Il prit la poignée dans sa main mettant plusieurs secondes a la tourner et ouvrir la porte dans un grincement assourdissant. Il jeta son sac d'école troué en soupirant. Oncle Willy arrivait en trombe, respirant tel un phoque, comme si chaque pas étaient une torture.
"Qu'est-ce que tu foutais devant à attendre comme un demeuré !?" Sa voix était grasse, comme le reste de son corps. Le petit Eliott ne répondit pas, se contentant d'enlever ses chaussures.
"Eh ! tu vas répondre sale gamin !?" Il empoigna les cheveux du bambin, l'obligeant à le regarder.
"Qu'est-ce que t'as fais à ton œil petite salope !?" Le petit blond ne pouvait plus parler, la terreur mélangé au dégoût lui coupait la parole. Il déglutit avec peine, les larmes au bord des yeux. Il n'allait pas pleurer parce qu'il avait peur, mais parce que son cuire chevelu lui brûlait. Il savait ce que sa soirée annonçait.
"Même pas capable de se défendre tsss. Tu sers vraiment à rien, t'es faible, comme une femme. Hein ma p'tite pute." Oncle Willy souriait de ses dents pourris. Eliott pouvait sentir l’excitation de cet homme énorme et lire son envie sur son visage bouffi.
"Et tu sais ce qu'on fait aux p'tites putes gamin ?" La baleine voulait qu'il réponde, mais, toujours muait, il attendait que son heure vienne. Ce porc se mit à rire et entraîna le petit homme dans la chambre qu'ils partageaient chaque nuit.
"Aller vas-y, qu'est-ce que t'attend, déshabille toi !" Oncle Willy pencha la tête, le sourire aux lèvres, fixant Eliott de ses yeux jaunes. Ce dernier vit le membre dressé de son oncle, il se mit a trembler et se déshabilla.
Eliott 25 ans.
"...sais rien faire..." Les cauchemars d'Eliott lui était familier. Depuis ses onze ans, ils l'accompagnaient chaque nuits. Pourtant, il n'y était toujours pas habitué. Son corps était secoué de spasmes, il gémissait.
"... me faire attendre, magne ton p'tit cul" Il le sait qu'il rêve, mais il a peur.
"Non..." Sa voix était faible, il allait se réveiller, c'était toujours à ce moment là qu'il se réveillait.
"NOOOOOoon" Et il se réveilla. Relevant son buste dans un sursaut à en faire trembler son lit, il était assit, droit comme un i. Il respirait fort, vite, et n'était pas loin de la crise d'angoisse. Sa sueur froide lui dégoulinait sur tout le corps, l’oppression lui serrant la gorge. Il mit ses mains devant ses yeux comme si il les découvraient pour la première fois: Elles tremblaient si fort qu'il les coinça sous ses aisselles. Il essaya de se calmer, prenant de grandes respirations, mais rien n'y fait. L'image de ce gros porc d'oncle Willy hantait ses pensées, il le revoyait le toucher, l’appeler sa petite pute. Il se leva prenant la direction de la salle de bain, manquant de tomber ses jambes ne supportant plus son poids. Il s'appuya contre le bord de la baignoire, et ouvrit l'eau de la pomme de douche avant de s'asseoir dedans en boxer. Sa voix. Il l'entendait encore et encore.
"Déshabille toi". Il était seul, pourtant il sentait sa présence, entendait ses paroles.
"Non..." Il se prit la tête dans ses mains et se roula en boule comme l'aurait fait un fœtus dans le ventre de sa mère.
"DÉSHABILLE TOI" L'eau lui coulait dessus, pour finir dans le siphon dans un tourbillon infernal.
"NOOOOOOOOON" Il se balançait d'avant en arrière, les mains toujours sur sa tête, il commençait à sangloter, redevenant le petit garçon de ses onze ans. Il n'y avait plus rien a faire dans ces moments là, il attendait seul dans l'obscurité, dans cette baignoire vide, l'eau lui coulant sur le visage, en gémissant et en hurlant, jusqu'à ce que le jour chasse les voix qui résonnaient dans sa tête.