i just can't let go

“J’essaye de noyer mon chagrin dans l’alcool mais depuis le temps... il appris à nager, mon chagrin.”

Trois jours avaient passé depuis notre planque dans l'hôtel minable où j'avais fini par embrasser Will. Et aujourd'hui avait été une grande journée. En milieu d'après-midi, nous avions une opération, une arrestation plus précisément. Nous avions eu le lieu et la date du rendez-vous entre le trafiquant et le dealer lorsque Will et moi avions planqué. Et aujourd’hui était le jour d‘intervention. La cabane désaffectée fut rapidement encerclée et le dealer tout comme le trafiquant et les autres personnes présentes furent arrêtés et conduits au poste de police. Le chef donna le reste de la journée  à l’équipe d’intervention et nous avions décidé de nous tous nous retrouver le soir même dans un bar. Je n’avais arrêté de boire que depuis une semaine et c’était une soirée teste pour savoir si j’allais réussir à tenir l’engagement que j’avais fait à Ettore. Mais étant donné qu’aucun de mes collègues ne connait mon addiction à l’alcool, j’étais bien décidé à ne pas mettre à mal la promesse que j’avais faite à mon ami. J’étais donc rentré chez moi de relativement bonne heure pour me changer et surtout prendre une douche.

Une fois l’heure du rendez-vous arrivée, je pris mon véhicule pour rejoindre le bar du centre-ville, là où devait avoir lieu la soirée. J’avais troqué mon éternel pantalon et mon t-shirt pour une jupe qui m’arrivait aux genoux ainsi qu’un petit chemisier, le tout dans une couleur beige. C’était assez salissant mais je ne mettais cet ensemble que pour les grandes occasions. Et là, c’était une grande occasion. Une fois devant le bar, je rejoignis le groupe au bar. Je commandais un coca, bien décidé à ne pas commencer les cocktails, sachant que je ne pourrais pas m’arrêter sinon. Tout le long de la soirée, je sentais le regard de Will sur moi, ignorant pourquoi il me regardait avec autant d’insistance. Nous n’avions pas reparlé de l’épisode du baiser malgré le fait que je n’arrivais pas à m’ôter cette image de mon esprit. Je savais qu’il fallait que j’oublie ce qu’il s’était passé parce que nous étions partenaire et que céder à la tentation serait catastrophique pour notre partenariat. Finalement, le reste de l’équipe quitta le bar, me laissant seul avec Will. Je terminais mon troisième verre de coca avant de sourire au jeune homme.

« Bon, je vais rentrer aussi. Il commence à se faire tard et on n’a pas notre journée de demain… »

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“J’essaye de noyer mon chagrin dans l’alcool mais depuis le temps... il appris à nager, mon chagrin.”

J’étais loin de me douter que la soirée allait mal tourner quand je m’étais engagé à aller prendre un verre avec les collègues. Parce que sinon, croyez moi, j’aurais été loin d’y aller si j’avais su ce qui m’attendait. En partant, Will m’avait retenu en disant qu’il voulait me parler de quelque chose. Moi qui avais pensé qu’il voulait me parler du baiser que nous avions échangé et auquel je n’arrêtais pas de penser, je m’étais mis le doigt dans l’œil. Je savais de quelle rumeur Will voulait parler, elle m’était arrivée aux oreilles par un malheureux hasard mais je ne m’étais pas attendu à ce que Will y mette de l’importance et encore moins qu’elle lui arrive aux oreilles. Je n’arrivais pas à savoir ce que cela me faisait… Me sentais-je trahit parce que Will y apportait de l’importance ou juste résigné parce que, de toute façon, Will aurait fini par le découvrir. Je me réinstallais donc au bar en soupirant. C’était surtout la peine qui m’étreignait le cœur en réalité. Je laissais mes doigts courir sur le bois du bar avant de lever les yeux vers Will.

« J’aurais préféré que tu l’apprennes autrement que par une vieille rumeur de trottoir. Si ta question c’est est ce que je bois à outrance, la réponse est oui. Cela m’est arrivé plus d’une fois pendant les neuf années qui viennent de s’écouler. Si ta question est si je bois pendant les heures de travail, la réponse est non. J’avais réussi à arrêter pendant plusieurs mois jusqu’à la mort de Shane. Et depuis, oui, j’ai repris. A cause de ce sentiment de culpabilité que je n’arrive pas à m’ôter de la tête même si je sais que je n’aurais rien pu faire. »

J’eus un temps d’arrêt. Je fis signe au barman auquel je commandais un nouveau coca. Je ne savais pas comment Will allait prendre ce que j’allais lui dire et j’avais peur. Peur de perdre le jeune homme. J’appréciais beaucoup notre partenariat ainsi que Will en lui-même, même si je n’en laissais rien paraître. J’avais prévue de ne pas m’attacher à Will, je savais qu’il avait prévu de retourner à Chicago une fois l’enquête sur l’assassin de son frère fini. Et je savais donc que si je m’attachais, la séparation allait être difficile. Je bus une gorgée de mon coca une fois que ce dernier fut devant moi.

« Est-ce que cette soirée est une entourloupe pour que cela ne se sache pas? Non plus. Ma consommation d’alcool avait pris une telle proportion que c’était devenu impossible, je ne pouvais pas continuer ainsi. Alors, avec un ami, on a fait un deal: s’il arrêtait la cigarette, j’arrêtais l’alcool. Et ça dure depuis maintenant une semaine. Maintenant, libre à toi d’en faire ce que tu veux de ce que je te dis. Tu peux me juger, ne plus avoir confiance, je comprendrais parfaitement. Si tu veux changer de partenaire aussi. La décision t’appartient. »

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Le regard de Will ne me mettait pas mal à l’aise mais il ne me laissait pas indifférente non plus. J’avais juste honte de la loque humaine que j’étais devenue. Petite, quand je croisais quelqu’un ayant des problèmes d’alcool, j’étais persuadé que cela ne pourrait pas m’arriver. Mon oncle était mort à cause de l’alcool et cela m’avait tellement choqué que je m’étais promis de ne jamais boire d’alcool. Et pourtant, la vie c’était bien chargé de me prouver que j’avais tort, que nous n’étions jamais à l’abri de devenir dépendant à quelque chose même à quelque chose que nous nous étions promis de ne jamais toucher. Et moi, j’étais devenue dépendante à l’alcool. Pour autant, je ne savais pas si on pouvait parler d’alcoolisme. Je n’étais pas ivre tous les soirs de la semaine mais pour autant, je buvais toujours de l’alcool le soir sauf depuis une semaine. Quand Will prit la parole, j’avais peur de ce qu’il allait pouvoir dire. Si Shane était au courant? S’il l’avait été, ce n’était pas de mon propre fait.

« Je n’en ai jamais parlé avec lui. S’il en est venu à savoir, ce n’était pas ma décision. Nous n’en avons jamais parlé alors je pense qu’il ne savait pas. »

J’avais plus de facilités à parler de Shane donc je ne m’étais pas énervée. Mais je pouvais lire dans les yeux de Will que le peu de confiance que le jeune homme avait eu en moi avait volé en éclat quand je lui avais parlé de mon addiction à l’alcool ou alors elle n’était pas loin de voler en éclat. C’était surement ça qui me faisait mal au cœur. Savoir qu’il avait si peu confiance en moi malgré les jours que nous avions passé ensemble, cela me faisait réellement mal au cœur. Bon, après, je n’étais pas la mieux placé pour parler vu que je n’avais pas une confiance aveugle en Will. Mais je savais que la confiance que j’avais en lui n’aurait pas souffert d’une découverte de ce genre. J’eus un faible sourire, un faux sourire même, quand Will me demanda si je comptais rester sobre.

« Je le suis depuis une semaine et je compte bien le rester aussi longtemps que possible. Sur ce, bonne soirée Will. »

Il fallait que je sorte sinon j’allais éclater en sanglots et en plein bar, ce n’était juste pas possible. Je récupérais mon sac à main et descendis de mon tabouret avant de quitter assez rapidement le bar, presque en courant. L’air frais me fit du bien mais n’enleva en rien mon envie de pleurer. Je rejoignis rapidement ma voiture, garé un peu plus haut dans la rue. Je voulus sortir mes clés de l’une des poches que j’avais dans ma jupe mais mes mains tremblaient tellement que je réussi juste à les sortir pour les faire tomber sur le trottoir. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et les larmes commencèrent à couler sur mes joues. Will avait réussi à me faire pleurer deux fois en trois jours. Il était bien plus doué que son frère pour cela. Shane n’avait jamais été au courant de ce que j’avais vécu avec mon ex et il n’avait donc jamais réussi à me faire pleurer. Je posais mon front sur le montant de ma portière, essayant de calmer mes sanglots.

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“J’essaye de noyer mon chagrin dans l’alcool mais depuis le temps... il appris à nager, mon chagrin.”

J’avais rapidement rejoint mon véhicule mais cette course ne m’avait pas fait le plus grand bien. A moitié accroupie devant mon véhicule, ma tête posé contre la froide carrosserie de ma petite voiture, j’essayais de rester debout alors que j’étais en proie à de fulgurants vertiges. Il allait falloir que j’attende que cela passe pour rentrer chez moi parce que vertiges plus tremblements, c’était juste impossible de conduire sans se mettre dans le décor. J’avais essayé de sortir mes clés pour ne serais ce que me planquer dans ma voiture en attendant que cela passe mais j’avais juste réussi à les faire tomber une fois les clés sorties de mon sac. Je me sentais encore pire que lorsque je buvais le soir seule chez moi. Mais j’avais tellement d’orgueil que je voulais prouver à Ettore que j’étais capable d’arrêter de boire, comme il me l’avait demandé. Je serais prête à mourir à cause de ma non consommation d’alcool que je ne toucherais pas à un verre à cause de cet orgueil mal placé. Des bruits de pas s’approchèrent mais je ne tournais pas les yeux, je savais qu’il s’agissait de Will. Et puis, si je faisais le moindre mouvement, je me retrouverais juste les quatre fers en l’air. Il me tendit les clés qu’il avait récupérer par terre et je les récupérais en le remerciant. C’était le seul mouvement que je pus faire et là encore, les vertiges prirent une nouvelle importance. Je ne pus même pas secouer la tête quand il prit la parole.

« Ce n’est pas toi qui me met dans cet état… C’est le sevrage. »

J’étais déjà passé par là quand j’étais entré à l’école de police. Je savais donc reconnaître les symptômes d’un sevrage d’alcool. J’eus beaucoup de mal à me retourner pour finalement me laisser glisser le long de mon véhicule pour me retrouver les fesses sur le trottoir, adossée à ma voiture, les yeux dans le vague. Je refusais la main de Will, sachant que si je me levais, je serais incapable de tenir sur mes jambes. Les larmes continuaient à couler sur mes joues même si je ne sanglotais plus. J’étais incapable de les arrêter, encore un symptôme de mon arrêt de consommation. J’étais bien loin de la jeune femme forte et sans faille que je semblais être au poste de police. Heureusement que mes collègues ne m’avaient pas vu comme ça sinon ça n’aurait pas été jolie-jolie.

« Désolé, je ne suis pas encore capable de me lever sans être certaine que je ne tomberais pas… »

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Franchement, je me sentais mal. Cela commençait à aller mieux mais ce n’était pas encore la grande forme. Mes nausées étaient parties mais les vertiges étaient toujours là, moins fortes mais quand même. Will finit par me rejoindre sur le trottoir en s’asseyant à mes côtés. Il me prit la main et je ne refusais pas ce geste, allant même jusqu’à lier mes doigts aux siens. Ma tête alla se poser contre son épaule. J’étais bien contente de savoir que je pouvais compter sur le jeune homme, surtout dans ce genre de moment. Savoir qu’il n’allait pas m’abandonner malgré tout ce que j’avais pu lui dire, cela n’avait pas de prix. J’écoutais avec attention ce que Will avait à me dire en levant les yeux vers lui. Je répondis à la pression de ses doigts sur les miens par la même pression avant de prendre moi-même la parole.

« Tu sais, je pense que tu n’es pas nul parce que tu as écouté les rumeurs vu qu’elles sont en partie fondées. C’est humain de faire ce genre de chose et je préfère cela car ça veut dire que l’on peut te faire confiance même si l’humain a sa part de faiblesse. Je vais essayer de me lever seule, tu me connais, j’ai une fierté assez mal placée. »

Je lâchais la main de Will pour essayer de me lever. Je me tournais, me retrouvant à quatre pattes sur le trottoir avant de prendre appui sur ma voiture pour me lever. Tant bien que mal, je réussis à me remettre sur mes pieds. Ma tête me tourna quelques instants avant que je puisse lâcher une main pour me tourner vers Will.

« Par contre, je ne serais pas contre le fait que tu me ramènes chez moi. Au moins, je saurais où tu es. Cela ne me plait guère de te savoir seul dans les mauvais coins de Belle Fleur, que tu sois flic ou pas. »

Bon, j’en avais peut être un peu trop dit mais au moins, Will savait maintenant que moi aussi, je tenais à lui. Parce que, de toute façon, c’était la vérité. Depuis que j’avais découvert que Will faisait sa propre enquête en sous-marin, il m’étais déjà arrivée une fois de faire le tour de la ville en voiture, un soir où je n’avais pas bu, pour voir si je trouvais le jeune homme. Mais je ne l’avais jamais trouvé.

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Je me sentais étrangement bien contre Will. D’ordinaire, quand je me trouvais avec un homme, j’étais mal à l’aise, un peu comme au début de mon partenariat avec Will. Mais désormais, j’aimais le contact de la main de Will sur la mienne. Allez comprendre… En tout cas, j’avais réussis tant bien que mal à me lever et une fois debout, je mis quand même une petite minute avant de me stabiliser, ma tête me tournant légèrement. Rapidement, Will attrapa mes clés et ouvris ma voiture. Je lui jetais un regard étonné, ne comprenant pas ce qu’il était en train de faire. Mais mes idées se remirent en place quand il ouvrit la portière côté passager et je me glissais lentement dans l’habitacle avant d’attacher ma ceinture. Will eut le temps de faire le tour de mon véhicule et de démarrer tellement j’étais deux de tensions. Je n’eus même pas besoin de lui indiquer le chemin que Will se gara rapidement devant chez moi. La maison était plongé dans l’obscurité, chose rare parce que normalement, ma coloc aurait dû se trouver chez moi. Je me tournais vers Will quand il m’annonça qu’il me raccompagnait jusqu’à l’intérieur.

« Pas de soucis. »

J’ouvris la portière de la voiture, ayant besoin d’un peu d’air frais. Je finis même pas me lever seule sans avoir la tête qui tourne. Je fis quelques pas le long du trottoir sans avoir besoin d’aide. Je finis par prendre la direction de chez moi mais restez debout trop longtemps ne me réussissait pas du tout. Je finis par manquer une des marches qui menait au perron de ma maison et je me rattrapais au jeune homme pour ne pas tomber.

« Désolé. »

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J’avais totalement oublié à quel point le sevrage d’alcool pouvait rendre faible. C’était comme une gueule de bois sans avoir bu d’alcool, c’était horrible et franchement désagréable. Je n’étais même pas capable de monter le petit escalier de trois marches qui me permettait de rentrer chez moi. Je m’étais donc appuyé sur Will pour ne pas tomber. Le pauvre, je m’en remettais totalement à lui pour m’aider à monter les escaliers. Je devais franchement faire peine à voir. Je levais la tête vers Will pour lui faire un petit sourire. M’accrocher à lui autant que je voulais? Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde, croyez moi. Je réussis à monter le petit escalier en prenant appui sur Will mais aussi, et surtout, sur la petite rampe en métal qui se trouvait à mes côtés. Il me prit les clés et ouvrit la porte de la maison. Blanche ne vint même pas voir qui entrait, elle restait coucher dans son panier dans un coin du couloir. Heureusement qu’elle n’était pas venu faire la fête parce que je serais déjà les quatre fers en l’air.

« Non, pas besoin d’un toubib. Je vais aller me poser et ça ira mieux. »

Je n’aimais pas appeler le médecin pour si peu. Et même quand j'étais malade, pratiquement à l'article de la mort, je n'aimais pas les médecins. Je fis quelques pas dans le couloir, gardant toujours une main en direction du mur que je longeais, sachant que je pourrais ainsi me rattraper si jamais je venais à tituber. Mais je ne me l’éloignais jamais trop loin de Will au cas où je n’aurais pas le temps de me rattraper au mur. Elle était loin la jeune femme qu’il avait l’habitude de voir, la jeune femme forte avec son sale caractère. Une fois dans le salon, je me laissais tomber dans le canapé en glissant mes mains sur mon visage.

« Merci, pour tout. Tu n’étais pas obligé. »

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Une fois assise dans mon canapé, je fus ravie de voir que mes vertiges disparaissaient à nouveau rapidement. En réalité, mon cerveau n’aimait pas la position debout et encore moins quand je décidais de faire quelques pas. Heureusement, cela faisait sept jours que j’avais arrêtés de boire et ce genre de symptômes arrivaient généralement entre le septième et le dixième jour. Plus que deux jours et je n’aurais plus aucun symptôme, pour mon plus grand plaisir et surtout pour la sécurité de mes collègues. Will me proposa un verre avec le contenu de mon choix et j’acceptais avec plaisir un verre de limonade. Je pus rouvrir les yeux pour voir que tout ce qui m’entourait ne tournait plus autour de moi. Will se pencha vers moi et je ne pus que le fixer. Après tout, il était tellement près de moi que je ne pouvais que le regarder. Du coup, je le fixais dans les yeux avant de lui répondre.

« Un médecin, non, pas question. Par contre, des jours de congé, je ne dirais pas non… Parce que bon, ce n’est pas super sécurisant de bosser avec une loque humaine… »

Bon, j’y allais peut être un peu fort envers moi-même mais c’était ce que je pensais. J’enlevais ma veste pour la jeter sur la table, pas très loin du canapé. J’étais quand même étonné que Lily ne soit pas présente mais en même temps, cela ne me dérangeais pas vraiment. Un peu d’intimité ne faisait pas de mal quand j’étais dans ce genre d’état. J’eus un petit sourire avant de porter ma main au visage de Will pour la poser sur sa joue.

« Si tu veux, tu peux rester dormir ici. Après tout, tu n’habites pas tout près et je ne sais pas où tu es garé… »

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Je fus ravie quand Will me rapporta mon verre de limonade. Je le bus d’une traite avant de poser le verre froid contre une de mes tempes. C’était encore mieux comme ça. Puis, j’avais accepté les jours de congé mais totalement refusé d’aller voir le médecin qui me connaissait pourtant depuis que j’étais née. Mais en même temps, je ne me voyais pas aller tout lui raconter sur ma dépendance à l’alcool. Il devait bien se douter de quelque chose mais aller tout lui révéler, ce n’était pas prévu. Surtout qu’avec mon caractère, je n’étais pas le genre de personne à aller dire à une personne à quel point je ne me sentais pas bien dans ma peau. Will était l’exception vu que je lui en avais parlé mais c’était lui qui avait abordé le sujet en premier. J’avais bien remarqué que Will ne comprenait pas pourquoi j’avais ainsi posé ma main sur sa joue… Moi-même je ne comprenais pas. Mais j’appréciais beaucoup ce contact même si jamais je ne le lui aurais dit. Je ne pus retenir un sourire quand le jeune homme me dit qu’il ne resterait dormir que si j’appelais le poste de police pour poser les deux jours de vacances dont nous avions parlé. Il sortit même son téléphone qu’il me tendit après avoir programmé le numéro.

« Mais… C’est un vil chantage que tu fais là. »

J’avais bien sûr dit ça sur le ton de la plaisanterie. Je pris le téléphone et appelait l’accueil du poste de police. Je tombais sur l’agent de nuit que je ne connaissais que très peu. Je lui expliquais je n’étais pas très en forme et que j’allais profiter des deux prochains jours pour prendre un peu de repos, sans pour autant expliquer en détail ce qu’il se passait. L’agent accepta de faire passer le mot au chef et je pus raccrocher pour rendre son téléphone à Will. Je n’en revenais pas, il m’avait quand même fait appeler le poste de police en pleine nuit pour demander deux jours de congé.

« Je te préviens juste: le canapé est un peu défoncé et Blanche risque de venir te squatter parce que généralement, elle attend que je sois couché pour aller se coucher sur le canapé. »

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Vous devez surement vous demandez pourquoi j’avais proposé à Will de rester dormir chez moi, ce que je pouvais parfaitement comprendre. En réalité, je préférais de loin ne pas rester seule chez moi dans ce genre de situation mais aussi parce que je saurais au moins où Will se trouverait cette nuit. J’avais tendance à m’inquiéter de le savoir seul dans les rues de Belle Fleur alors que le meurtrier de son frère n’était certainement pas ravi de le savoir ici. Je n’avais aucune envie de me réveiller un matin pour qu’on me dise que Will avait été retrouvé mort dans un coin pourri de Belle Fleur. Je ne pourrais le supporter. En tout cas, j’étais devenue experte dans le passage de deal que cela soit avec Will ou avec Ettore. L’un m’avait forcé à prendre deux jours de congé et l’autre m’avait fait arrêter de boire, cause de cet arrêt de travail de deux jours. Je ne pus retenir un petit rire devant la tête que fit Will quand je lui annonçais qu’il risquait de se faire squatter par Blanche.

« Je vais dormir dans le canapé, je te laisse ma chambre. Je suis juste incapable de monter les escaliers ce soir. »

Je me mordillais légèrement la lèvre. Je lui aurais bien proposé de dormir avec moi mais bon, je n’étais pas dans le meilleur des états pour ce genre de proposition. J’aurais été dans un meilleur état, peut-être. Et encore, Will n’aurait pas dormi chez moi si je m’étais senti suffisamment bien. Mais je savais aussi que ce genre de rapprochement était une très mauvaise idée. Will allait repartir sur Chicago et je ne devais donc pas m’attacher sinon la séparation allait être difficile. Et je ne voulais pas souffrir à nouveau à cause d’un homme. Je me mis à jouer avec mes doigts, incapable de savoir quoi faire. J’allais bien mieux, peut être que je serais capable de monter les escaliers mais en même temps, je ne me voyais pas laisser Will dormir avec Blanche qui allait venir lui écraser le dos alors qu’il travaillait le lendemain, contrairement à moi.

« Je peux supporter Blanche, ce ne sera pas la première fois que je dormirais sur le canapé avec mon chien. »

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Je pouvais comprendre que Will refuse d’aller dans ma chambre. Je lui avais proposé par gentillesse parce que, de toute façon, je ne pourrais pas y dormir cette nuit, j’étais incapable de monter mes escaliers parce que j’avais une flemme de me lever monstre. Mais Will refusa, préférant mon fauteuil. Il aurait été quand même bien mieux installé dans un bon lit bien moelleux que dans un fauteuil où il allait se casser le dos alors qu’il allait devoir aller bosser demain. C’était ça aussi qui m’avait fait lui proposer ma chambre. Il allait devoir aller travailler alors que j’allais faire ma flemmarde et rester tranquillement chez moi… Il était donc celui qui méritait plus le lit. J’eus donc une petite moue quand il préféra le fauteuil à mon lit. Il me proposa par la suite de m’aider à monter les escaliers mais je secouais la tête. Il en avait déjà tellement fait pour moi que je ne me voyais pas abuser encore d’avantage.

« Tu bosses demain, contrairement à moi alors tu vas monter et prendre le lit. »

Il savait à quel point je pouvais être têtue et l’inverse était vraie également. On était mal barré pour aller se coucher si vous voyez ce que je veux dire. Parce que si lui voulait absolument rester dormir dans le fauteuil et moi dans le canapé alors qu’il voulait que je dorme dans mon lit… On allait avoir du mal à se mettre d’accord. C’était ça que d’avoir mis deux caractères forts en partenariat, cela ne pouvait faire que des étincelles. Si j’avais osé, j’aurais déjà demandé à Will de dormir dans mon lit mais avec moi. Comme ça, on aurait été tous les deux contents et fin de la discussion. Cependant, je doutais que Will accepte. Nous avions peut être échangé un baiser mais cela allait s’arrêter là, pour mon propre bien. Je soupirais avant de glisser une main dans mes cheveux.

« Y a bien une autre solution qui satisferait les deux camps mais pas sûr que tu acceptes: dormir tous les deux dans ma chambre. »

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Pour moi, il était inconcevable de laisser Will dormir ailleurs que dans un lit alors qu’il allait devoir travailler le lendemain matin. Je ne carburais pas au café, contrairement au jeune homme, mais je savais également qu’une bonne nuit de sommeil valait tous les gobelets de café que Will pouvait avaler pendant la journée. Et si en plus le sommeil avait lieu dans un lit confortable plutôt que sur un canapé pourri, il n’y avait rien de tel, je parlais en connaissance de cause. Et puis, je savais également qu’en cas de rechute, je pourrais appeler Will qui se trouverait plus proche de moi que s’il avait été couché sur le canapé. Je n’aurais pas besoin de descendre les escaliers au risque de tomber dedans et de me faire réellement mal. Il serait à portée de main ou de voix suivant s’il préférant le matelas ou la moquette, bien que j’ai déjà une petite idée sur la réponse. Finalement, Will accepta de dormir dans ma chambre et je répondis à son sourire par un petit rire. Il avait gagné mais j’avais également ma part de victoire même si elle était moins importante que la sienne.

« Dans ce cas, parfait. Tu vas voir, ma moquette est très confortable. Alors, en route. »

Je préférais ne pas proposer le lit à Will, dès fois qu’il s’imaginerait des choses complètement fausses à mon sujet… Ou peut être totalement infondées. Mais depuis le baiser que nous avions échangé Will et moi, je n’arrivais pas m’ôter le jeune homme de la tête. Enfin, bon, là n’était pas la question. Je décidais de me lever parce que je commençais réellement à être fatiguée. Je me redressais sur le canapé avant de marquer un temps d’arrêt, soudain inquiète: et si mes vertiges revenaient? Préférant ne pas tenter le diable, je tendis ma main vers Will. Première fois que je demandais l’aide de quelqu’un pour me lever. Will avait intérêt à se sentir privilégier parce que jamais je n’avais fait un tel geste vers quelqu’un.

« Je veux bien un petit peu d’aide par contre. »

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Je n’avais plus qu’une envie, allé me coucher et dormir jusqu’au lendemain matin et peut être même dormir pour les deux jours qui venaient. Mais pour cela, fallait déjà que je rejoigne mon lit, ce qui n’était pas gagné, sauf si je demandais de l’aide à Will. Ce que je fis rapidement, mettant totalement de côté ma fierté et mon orgueil. En même temps, dans ce genre de situation, il valait mieux savoir ce qui était mieux pour soi-même. La fierté n’a jamais sauvé qui que ce soit au contraire même, elle pouvait causer la mort. Will se saisit de ma main et la glissa même dans mon dos pour pouvoir me soutenir un peu mieux dans ce rude exercice qu’allait être la montée des marches de mon escalier. Je mis un certain temps à gravir le dit escalier, prenant bien garde à ne pas rater une marche même si je n’avais plus de vertige. Je ne me sentais pas très sûre sur mes jambes et je préférais donc être persuadé que mon pied était bien posé sur la marche avant de prendre appui sur ce dernier. Mais une fois en haut, je pris une petite pause avant de guider Will jusqu’à ma chambre. Mais je marquais un temps de pause devant la porte de ma chambre pour fixer le jeune homme avec de grands yeux plein d’étonnement. Will avait fait des études de psychologie pour savoir que je dormais toujours avec un doudou ou quoi? Ma bouche s’ouvrit sans que je puisse aligner deux mots cohérents. Je secouais la tête en éclatant de rire.

« T’as tout compris. Oui, je dors avec un doudou comme je l’appelle. Je l’ai depuis mes cinq ans et franchement, j’ai beaucoup de mal à m’en séparer. Et rassure toi, j’ai passé l’âge de demander une histoire. »

J’ouvris la porte de ma chambre et avançais dedans, laissant Will me suivre. C’était une chambre assez agréable avec un papier peint aux couleurs chaleureuses, dans les tons pourpre aux merveilleuses arabesques rappelant le style baroque. J’avais travaillé moi-même pour refaire cette chambre avec l’aide de mon père et de mon frère. Nous avions bien travaillé parce que franchement, la chambre d’avant avait un papier peint bien pourrie dans le style hippie avec des grosses fleurs de toutes les couleurs. Cela me faisait bizarre de savoir qu’un homme se trouvait dans ma chambre, c’était la première fois. Du moins, pour cette chambre-là. Je me tournais vers le jeune homme, un petit sourire aux lèvres.

« Voilà ma chambre. »


Cela me faisait bizarre d'annoncer cela à mon partenaire. J'avais déjà dormis avec des amis dans mon lit mais ce n’était que des femmes et surtout, il s’agissait de Nina, ma meilleure amie. Et cela s’arrêtait là, personne n’avait eu le droit d’entrer dans cette chambre, ultime barrière entre moi et les autres. J’avais juste l’impression que cette chambre en disait beaucoup trop sur moi pour que je permette aux gens d’entrer dans cette pièce qui parlait d’elle-même sur le genre de femme que j’étais. Cette chambre était à mon image: romantique, ordonnée, chic… Bref, la Peyton que j’étais sous cette carapace de glace.