Les vrais hommes créent leur propre chance.

Encore une journée à supporter le lieutenant Andrews... Je me méfiais toujours du jeune lieutenant, je n'arrivais réellement pas à le cerner ni à savoir ce qu'il comptait faire avec le tueur de son frère. Et cela me mettais dans une sacrée situation. Parce que s'il voulait simplement l'arrêter pour le mettre en prison, pas de soucis... Mais s'il voulait le tuer, j'allais vraiment prendre un savon pour ne pas avoir compris la réelle intention de Will. En tout cas, la journée avait été calme comme c'était souvent le cas depuis l'épisode mouvementé de notre première rencontre. Je ne pouvais pas dire que nos rapports étaient amicaux mais nous arrivions à nous parler sans crier, ce qui était un exploit vous dirait le chef. D'ailleurs, en parlant de ce dernier, il m'avait parlé de ma première rencontre avec Will et m'avait demandé de faire un effort, que cela n'était facile pour personne au poste... Alors, j'avais fait un effort et le lieutenant Andrews s'avérait être quelqu'un d'assez agréable... Quand j'étais de bonne humeur. Ce qui était rarement le cas. Je n'étais pas connu pour être la plus chaleureuse des agents avant la mort de Shane mais je m'étais barricadé derrière une couche de glace depuis que Shane avait été tué. Et celui qui la fera fondre n'est pas encore arrivé.

Enfin, la journée se termina et je pus enfin rentrer chez moi. Lily-Blue, ma colocataire n'était pas encore rentrée et je fus accueillis par Blanche, mon chiot Rottweiler de 8 mois. Elle savait qu'aujourd'hui, nous allions sortir car j'allais courir sur les bords du Mississippi. Je l'emmenais toujours avec moi car, même si Blanche était une grosse boule de poils toute mignonne, elle avait aussi des crocs et généralement, elle faisait peur à tout ceux qui oserait s'en prendre à moi. Surtout que je courrais relativement tard, pratiquement à la tombée de la nuit. Et je me méfiais toujours des endroits un peu dangereux pour une femme seule. Du coup, j'emmenais Blanche. Je pris un petit en-cas avant de faire un peu de ménage dans le salon. Ezio et Esther, mes deux chats, me regardaient passer l'aspirateur pendant que Blanche dormait en ronflant comme un sonneur dans son panier. Franchement, j'en avais marre des poils d'animaux qui faisaient que tomber. Le prochain animal que j'aurais, ce sera un animal à écaille point barre. Une fois le ménage fait, je me servis un verre de vodka en y ajoutant quelques gouttes de jus d'orange. Finalement, je décidais d'aller courir plus tôt aujourd'hui et appelais Blanche pour qu'elle m'accompagne.

Pour allez sur les bords du grand fleuve, je pris ma voiture en faisant bien attention à ce que Blanche reste dans le coffre. Une fois arrêté dans un parking proche du fleuve, je fis descendre ma chienne et la regardais un cours instant courir vers les bords du Mississippi avant de la rejoindre pour partir en footing. Il n'y avait pas grand monde sur les bords du fleuve si ce n'est quelques pêcheurs et une famille qui faisait une promenade. J'étais contente d'être venue plus tôt, je n'aurais pas à m'inquiéter d'être abordé par un opportun. Alors que je courrais, plongé dans mes pensées, Blanche revint vers moi en mode boulet de canon et me faucha les jambes, me faisant tout simplement tomber en arrière. Elle revint vers moi pour se faire pardonner car elle avait bien vu le regard que je lui avais lancé.

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Il allait falloir que j’apprenne à Blanche à être moins fougueuse quand elle fonçait sur quelqu’un. Parce que même si ce n’était que moi qu’elle venait tout simplement d’envoyer au sol, elle pourrait le faire avec n’importe qui. Et ça, je ne pourrais pas le tolérer. Blanche tenta de me lécher le visage et j’eus beau me protéger, elle réussit quand même à me laisser une grosse trainée de bave sur la joue droite. J’allais rouspéter quand je l’entendis soudain grogner légèrement. Tournant la tête, j’aperçus quelqu’un venir vers moi. Rapidement, l’homme enleva sa capuche et je pus reconnaître mon collègue de travail, Will. Qu’est-ce qu’il faisait là? Et surtout dans cette tenue? J’acceptais volontiers la main qu’il me tendit pour me relever et je remis sa laisse à Blanche, dés fois qu’elle ait décidé de n’en faire qu’à sa tête et décide de faire une nouvelle attaque léchouille sur mon pauvre partenaire.

« Merci du coup de main. Oh, Blanche est du genre… Vive et puis, elle pèse son poids. Mais elle est encore jeune… Va falloir que je t’apprenne les bonnes manières mademoiselle. »

Cette dernière phrase était pour mon chien que je caressais du bout des doigts en souriant. La Peyton que Will connaissait au travail était bien différente de la Peyton que j’étais à l’extérieur… Et encore plus différente de la Peyton lendemain de cuite que le lieutenant avait pu observer le jour de son arrivée. J’étais bien plus souriante à l’extérieur qu’au travail. Je reportais mon attention sur mon partenaire et ne pus que sourire en voyant sa tenue. S’il voulait passer pour un des paumés que l’on croisait souvent sur les bords du Mississippi, c’était gagné. Il n’aurait pas ôté sa capuche, je l’aurais pris pour un type peu recommandable.

« Nan mais c’est quoi cette tenue? Pas mal comme déguisement pour le coin. »

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Je tenais toujours Blanche bien fermement mais Will ne fut pas le moins du monde impressionné par les grognements de Blanche car il s’agenouilla devant elle. Cela eut son petit effet car Blanche cessa de grogner et alla même jusqu’à renifler son bas de pantalon une fois qu’il fut redressé. Je me demandais bien ce qu’il faisait là mais après tout, je ne me permettrais pas de l’espionner en lui demandant clairement ce qu’il faisait là. Ce que Will faisait de son temps libre ne me regardait aucunement.  Will se remit à sourire et je ne pus m’empêcher de le trouver mignon, bien plus que lorsqu’il était trop sérieux. Je ne pus que rire au vue de la phrase qu’il me sortit. Disons que j’étais plus habitué à le voir bien habillé que habiller d’un pull à capuche. Mais quand il fit allusion à mon coup de sang le jour de notre rencontre, j’émis un petit sourire.

« Oh si ta tenue est parfaite… C’est juste que je ne suis pas habituée à te voir habillé comme ça… Et pour courir, mieux vaut un jogging qu’un banal jean, c’est quand même plus confortable. Et crois-moi, je cours aussi bien que je me défoule sur un punching-ball… Tu me verras peut être à l’œuvre, un jour. »

En tout cas, Blanche ne semblait pas vouloir rester calme et commençait à s’agiter au bout de sa laisse. J’allais proposer à Will de marcher un peu pour détendre Blanche mais je n’eus même pas le temps d’ouvrir la bouche que la laisse dans ma main se tendit, m’envoyant en arrière. Je fis trois pas et pour finir, mon pied gauche rencontra le vide. Je lâchais la laisse de Blanche et tombais littéralement dans le Mississippi. Je refis rapidement surface avant d’essayer de remonter sur la berge. Je ne voyais pas Will et j’espérais juste qu’il n’était pas mort de rire.

« Je te préviens, si tu rigoles, je te fais un trou dans le crane demain au boulot. Allez, viens m’aider à remonter, l’eau est froide. »

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Je ne préférais pas savoir ce que Will faisait dans le coin, cela m’éviterait de trop réfléchir à ce que je devrais faire si je découvrais la réelle intention de mon partenaire. En tout cas, il n’hésita pas à rebondit sur mes paroles, m’arrachant un sourire un peu orgueilleux. Mais je n’eus pas le temps de lui répondre que je faisais plouf dans le Mississippi à cause de Blanche qui en profita pour fuguer. Je réussis cependant à rejoindre la berge car j’avais pieds. Manque de chance, je dus demander l’aide de Will pour qu’il m’aide à remonter, le mettant en garde si jamais il se mettait à rire. Sauf que je fus reçu par un parfait éclat de rire. Heureusement, il me tendit les mains pour que je remonte sur la berge. J’étais trempée, j’avais froid et en plus, je sentais la vase à plein nez… Répugnant. Si jamais Blanche revenait, elle allait avoir droit à une sacrée punition la miss… Plus de sortie course avec moi. Il avait de la chance qu’on ne contrôle pas un fou rire sinon, il serait déjà mort. Je secouais les bras, plus par réflexe que pour réellement faire quelque chose d’utile. Rapidement, je me retrouvais avec la veste de Will sur les épaules. Je m’étais attendu à tout sauf à cela. Il remonta la fermeture éclair de la veste et je retrouvais un peu de chaleur. Le plus troublant c’était de sentir l’odeur de Will autour de moi, c’était… Intéressant. Il me proposa de me raccompagner chez moi et j’émis un petit rire avant de sourire.

« Je veux bien… Conduire dans ce genre de situation, ce n’est pas l’idéal. Blanche retrouvera la maison, j’ai trop froid pour lui courir après. Au fait, excellent déodorant, c’est quoi comme parfum? Ou alors, c’est de l’eau de toilette? Nan sérieux, ça sent bon dis donc. »

Il pouvait penser que je le charriais mais j’étais très sérieuse. J’aimais beaucoup le parfum qu’il y avait sur la veste, si on enlevait celui de la vase que j’avais jusque dans les cheveux. Je n’avais qu’une envie, rentrer chez moi pour prendre une bonne douche. Je me demandais juste quel genre de voiture Will pouvait bien posséder. Je jetais un dernier regard autour de moi pour voir si jamais Blanche revenait avant de suivre Will.

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Heureusement pour lui, Will réussit à canaliser son fou rire. Il me prêta même sa veste pour me réchauffer. Il n’avait pas peur que je la lui pourrisse avec le bain que je venais de prendre. Pendant que j’étais occupé à enfiler correctement la veste de Will, je remarquais que le jeune homme me regardait avec insistance. Mais il détourna rapidement les yeux sans même que je ne comprenne ce qu’il se passait. En tout cas, je fus très intéressé par le parfum ou le déodorant que Will pouvait mettre parce qu’il sentait réellement très bon. Ca me faisait bizarre d’avoir l’odeur de Will sur moi. Will me proposa finalement de prendre ma voiture et j’acceptais, me m’étant en marche vers le petit parking où je m’étais garée. Je ne m’étais pas rendue compte que j’avais couru si longtemps avant de tomber sur mon partenaire. En tout cas, rapidement, je fus en vue de ma voiture et je ne pus constater qu’une chose: Blanche était tranquillement installé sur ses fesses au niveau du coffre. J’abandonnais Will pour courir retrouver ma chienne que je pris rapidement dans mes bras. Elle me fit la fête et je pris mes clefs de voiture dans la poche de mon pantalon pour ouvrir le coffre et y faire monter Blanche. Je me tournais vers Will et lui tendis les clefs.

« Profite bien de ce court voyage… Je ne te laisserais pas conduire ma voiture souvent. »

Je lui lançais finalement les clés avant de prendre place sur le siège passager de ma propre voiture. Ce n’était pas une place que je connaissais et c’était même la première fois que je me trouvais sur le siège passager. Je bouclais ma ceinture avant de guider Will jusqu’à chez moi. J’habitais une petite maison à l’ouest de Belle Fleur. Enfin, je ne vivais pas seule, j’avais Lily-Blue, la fille d’un de mes anciens formateurs à la police de Belle Fleur et j’avais accepté de la prendre chez moi assez facilement, ayant toujours été en bon terme avec son père. Et puis, il y a avait Blanche, mes deux chats, mon perroquet et mes lézards… Une véritable animalerie.

« Ah, avant qu’on entre, je tiens à te prévenir… Pedro risque d’être assez en colère que je l’ai abandonné pour courir avec Blanche sans que je ne lui fasse à manger. Donc si tu l’entends gueuler des obscénités… Ne te formalise pas, c’est dans son habitude. »

Je quittais la voiture et ouvrit la porte de la maison. Non, je n’avais pas précisé que Pedro était mon perroquet. J’avais juste envie de voir la tête de Will quand il comprendrait que je m’étais un peu foutue de lui. Mais il ne c’était pas gêné pour se foutre de moi quand j’étais tombé dans le fleuve alors ma vengeance était venue. J’appelais Blue mais elle ne semblait pas être à la maison. Je proposais à Will de rejoindre le salon pour qu’il se mette à l’aise en ajoutant que s’il voulait boire quelque chose, il pouvait se servir dans le frigo de la cuisine. Pendant ce temps-là, je montais à l’étage pour prendre une bonne douche, histoire d’ôter toute cette vase que j’avais un peu partout.

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Dans la salle de bain, je pris le temps de me poser quelques secondes, les mains sur le meuble du lavabo. Je pensais à la gentillesse de Will à mon égard et surtout, à ma froideur au boulot. Il allait peut être falloir que je sois plus sympathique et moins froide avec les autres agents et encore plus avec mon propre partenaire. Mais voilà neuf ans que j’avais forgé une carapace de glace autour de moi, depuis ma mésaventure avec mon ex petit ami, que cela allait être difficile de perdre les bonnes vieilles habitudes. Décidé à changer, j’enlevais la veste de Will, bien décidé à la lui laver pour la lui rendre propre avant de me déshabiller totalement et de me glisser sous le jet d’eau chaude. Ma douche dura bien une bonne dizaine de minute avant que je ne sorte de là baignoire, propre et sentant bon. Je passais rapidement un short de sport sans réelle forme ainsi qu’un t-shirt. Je me séchais approximativement les cheveux avec une serviette avant de mettre une paire de tongs et de redescendre dans le salon où Will devait m’attendre. J’aurais aimé voir sa tête quand il a compris que Pedro était en réalité un perroquet. Je finis par ressortir de la salle de bain pour redescendre et rejoindre Will dans le salon. Je fus accueilli par un magnifique cri de la part de Pedro. Quelque chose d’incompréhensible pour des oreilles qui entendaient Pedro pour la première fois mais cri que j’avais très bien compris et que je ne vous répèterais pas, par soucis de décence. Finalement, je trouvais Will dans la cuisine, à regarder les photos qui se trouvaient afficher sur le frigo. J’eus un petit sourire avant de m’appuyer contre ce dernier.

« Ma petite famille. Mes parents, mon frère Matt ainsi que ma coloc, Lily-Blue. Tu veux boire quelque chose? »

J’ouvris le frigo pour voir un peu ce que j’avais à l’intérieur… C’est-à-dire pas grand-chose. Il allait falloir que j’aille faire deux trois courses rapidement sinon Blue et moi n’allions rien avoir à manger. J’avais une bière, une seule, un peu de vin blanc français et du soda qui ne devait plus trop avoir de bulles. Je fis la moue avant de me tourner vers Will.

« Bon y a pas grand-chose mais si je peux te faire une suggestion, le vin est bon. La bière… Bah c’est de la bière quoi. Et pour ce qui est du soda, doit quasi plus y avoir de bulle… »

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Je vis très bien l’air surpris de Will quand je redescendis dans la cuisine habillée comme je l’étais. En même temps, j’étais chez moi, sur mon territoire et je n’allais donc pas m’habiller avec des vêtements que je m’étais tous les jours. Je retrouvais donc Will devant mon frigo à regarder les vieilles photos que j’y avais affiché pour rendre ma maison un peu plus personnel. Même si l’on pouvait croire que je n’étais pas famille au vue de comment je me comportais au travail, j’étais très proche de mon frère et surtout de ma mère. En tout cas, Will accepta ma proposition de boire quelque chose avant de me poser une question qui me fit bien rire.

« Oui, Pedro est le perroquet. »

Je devais avouer que cela me faisait bien rire. Will était loin d’être bête… En même temps, avec le métier qu’il faisait et le grade qu’il avait, c’était préférable. En tout cas, Will avait bien fait d’ouvrir le frigo, après tout, nous étions partenaire et s’il ne l’avait pas fait… Bah en fait rien du tout… Mais cela me fit plaisir qu’il l’ait fait. Cela voulait en partie dire qu’il me faisait peut être un peu confiance et qu’il se sentait suffisamment à l’aise avec moi pour se permettre ce genre de chose. Je rouvris donc la porte du frigo pour en sortir la bouteille de bière et je m’avançais jusqu’à un placard pour en sortir deux verres où je versais la bière. Je tendis son verre à Will avant de boire une gorgée de la mienne. Will n’aurait pas été là, je me serais gardé la bière pour moi-même et je l’aurais bu à même la bouteille et pratiquement cul sec. Je posais mon verre à côté de moi avant de rebondir sur la dernière phrase que mon partenaire avait prononcé.

« Tu sais, tu ne me déranges pas. Sinon, crois-moi, je ne t’aurais pas offert ma dernière bière. Et je t’aurais encore moins proposé de rentrer chez moi. Mais je peux comprendre que tu préfères retourner faire ton enquête en solo. »

Oui, j’avais parfaitement compris ce que Will faisait sur les bords du Mississippi. Il fallait être idiot pour ne pas comprendre qu’il cherchait des infos sur le meurtrier de son frère. J’aurais été à sa place, croyez moi, j’aurais fait la même chose. Mais je me sentais un peu mise à l’écart et cela me blessait. Après tout, j’étais l’ancienne partenaire de Shane, la nouvelle partenaire de Will… N’étais-je pas la mieux placée pour l’aider? Il fallait croire que non et, même si j’étais déçue, je n’en laissais rien paraître. Will était certainement venu à Belle Fleur pour retrouver le meurtrier de son frère. Et une fois que cela sera fait, il retournera à Chicago.

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Je vis parfaitement bien la surprise de Will quand j’annonçais que j’avais compris qu’il enquêtait seul sur les bords du Mississippi pour retrouver le meurtrier de son frère. Mais je n’avais toujours pas compris qu’il était décidé à tuer ce dernier plutôt que de le laisser faire face à son sort, face à une justice qui ne serait pas clémente face à un tueur de policier. Mais en même temps, je pouvais comprendre qu’il veuille le tuer… Pas seulement parce qu’il avait tué son frère mais aussi parce que les tueurs de policier était comme des héros en prison. Et même si je ne voulais pas que le meurtrier de mon ami soit vu comme un dieu en prison, je ne pouvais pas non plus lui ôter la vie. Je ne préférais pas me poser de question sur les réelles intentions de Will parce que sinon, je serais face à deux choix. Soit je devais en parler à ma hiérarchie et alors je perdrais toute la confiance de mon partenaire… Soit je prenais le risque de ne pas en parler et que Will ne tue le jeune homme. Dans les deux cas, je perdais quelque chose. La question n’était pas que devais-je faire mais plutôt, qu’est-ce que j’étais prête à perdre… La confiance de Will ou mon boulot? Avant, j’aurais dit sans hésiter que j’étais prête à perdre la confiance de Will mais je n’en étais plus tout à fait sûr maintenant. Je pris une nouvelle gorgée de bière avant de reprendre la parole.

« Franchement, j’ai eu cette idée dès notre rencontre. Au début, ce n’était qu’une hypothèse. Je savais que tu serais capable de faire cavalier seul parce que c’est ce que j’aurais fait si les rôles avaient été inversés. Mais quand je t’ai vu aujourd’hui sur les bords du Mississippi, j’ai compris que je ne m’étais pas trompé. Si jamais tu as besoin d’un coup de main, un jour, tu pourras compter sur moi. »

Au moins, Will savait qu’il pouvait compter sur moi sans que je ne m’impose à lui en lui offrant mon aide dès aujourd’hui. Je lui laissais le choix de ne pas accepter tout en faisant en sorte qu’il sache que je garderais son secret. Ce n’était pas mon genre de balancer un partenaire à la hiérarchie sans réellement savoir ce qu’il comptait faire quand il aurait le tueur en face de lui. Et puis, même si je découvrais le poteau rose, est ce que j’aurais la force d’aller tout balancer… Pas sûr. Je terminais finalement ma bière avant d’aller poser mon verre dans l’évier.

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Je me fis… Comment dire… Je me fis purement et simplement envoyé bouler par Will quand je lui proposais mon aide pour retrouver le tueur de son frère. A croire que je ne servais à rien décidément. Je n’avais pas servi à sauver mon partenaire quand le cambrioleur l’avait tué et je ne servais pas non plus à l’arrêter. Je servais à quoi, hein? A faire jolie ou quoi? A être la bonne poire, celle qui allait le couvrir juste parce qu’elle voulait aider… Oui surement. La barbe franchement. Et il n’allait venir vers moi que s’il en avait réellement besoin… Ouais donc certainement jamais en quelque sorte. J’étais en colère contre mon partenaire. Je pensais qu’il me faisait confiance mais j’avais l’impression que ce n’était pas le cas face à ce qu’il venait de dire. Il me remercia pour la bière et je hochais simplement la tête. Je n’avais pas le cœur à lui parler là. Il me demanda si je pouvais lui rendre sa veste et j’acceptais. Oui, j’avais initialement prévu de la lui rendre propre mais là, je n’avais pas le cœur à être gentille avec lui. Je venais de me faire littéralement exclure de l’enquête sur le meurtre de Shane et cela ne me plaisait mais alors pas du tout. Je quittais donc la cuisine pour monter dans la salle de bain. Là, je pris un temps pour me regarder dans le miroir avant de taper du poing sur le meuble de l’évier. Voilà ce que cela nous apporte de faire confiance aux hommes: colère et tristesse. Comment un homme pouvait-il être si sympathique et aussi… Chiant? Je récupérais la veste de Will et redescendis dans la cuisine pour la lui rendre.

« Tiens. Bon bah, bonne soirée. Fais gaffe à pas tomber dans le Mississippi, je ne serais pas là pour te récupérer. Ah oui et claque bien la porte une fois sortie, elle est parfois un peu difficile à fermer. A demain. »

Je le laissais dans la cuisine pour remonter à l’étage, direction ma chambre. Je claquais violemment la porte derrière moi, histoire que Will comprenne que non, je n’étais pas ravie de me voir ainsi évincé par le lieutenant qu’il était. Je m’allongeais sur mon lit avant de me pencher sur le placard de ma table de nuit pour y prendre la petite bouteille de vodka qui y était caché et d’en boire une petite rasade. Je tremblais de partout, aussi bien sous l’effet de la colère que du manque d’alcool malgré la bière que j’avais bu. Je tendais quand même l’oreille pour savoir si Will partait bien de chez moi